C'est une jeune femme, dans Paris, aujourd'hui. On ne saura pas son nom, pas plus qu'elle ne connaît ou veut connaître celui de ses amants, d'un jour ou de plus longtemps, qu'elle ne gratifie que de numéros. Ce que l'on sait en revanche, c'est le trouble, le trouble rageur de ses jours. Elle fut chanteuse, de rap, avec un certain succès, mais ne semble plus vouloir ou pouvoir l'être. Elle écrit. Un roman. Elle suit une psychanalyse. Surtout, elle passe de nombreuses heures dans une salle de boxe à monter sur le ring et y éprouver la violence des corps, le goût de la douleur. En tauromachie, on dit de ces combattants-là qu'ils ne craignent pas d'aller « à la corne du taureau ». C'est sur le ring d'abord qu'elle rencontre « 1 » avant que leurs lits respectifs ne soient le théâtre d'autres combats.
Outre l'énergie splendide qu'elle déploie dans son écriture, ce qu'il y a de très impressionnant dans La colère, deuxième roman de la jeune Alexandra Dezzi, c'est la façon dont elle contourne les écueils de ce que l'on pourrait appeler « les romans d'un désir ». C'est en effet moins de cela qu'il s'agit que de sexe d'abord, dans toute sa crudité, de la dépossession de soi et de la dualité de la domination masculine. On ne saura jamais vraiment, jusqu'au cœur charnel de la possession, qui domine vraiment qui. Et si désir il y a, qui en est la victime et quelle en est la vraie nature. Ces questions-là, de Blandine Rinkel à Constance Debray (entre autres), sont de celles qui structurent aujourd'hui une littérature véritablement moderne.
La colère
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Tirage: 5 000 ex.
Prix: 18.50 euros ; 224 p.
ISBN: 9782234088986