La critique littéraire au pilori

Le stand du CNL © Olivier Dion

La critique littéraire au pilori

Se demandant, samedi matin sur le stand du CNL « à qui faire confiance pour bien choisir ses livres », libraires, critiques, éditeurs et auteurs ont reproché à la critique littéraire traditionnelle son endogamie.

Par Anne-Laure Walter
avec alw Créé le 15.04.2015 à 21h00

Le cycle de conférences « Profession éditeur », lancé par le CNL avec le SNE et l'Imec et mené par le journaliste Olivier Le Naire, a été l'occasion, samedi matin au Salon du livre, d'un débat sur le thème : « A qui doit-on faire confiance pour bien choisir ses livres ? ».

Animé par Alain Beuve-Mery (Le Monde) et Arnaud Laporte (France culture), il a réuni le critique littéraire, éditeur et blogueur Raphaël Sorin, l'éditeur Gilles Cohen-Solal (Héloïse d'Ormesson), l'écrivain et critique Pierre Jourde, et la libraire Anaïs Massola, qui tient depuis quatre ans le Rideau rouge, dans le 18e arrondissement de Paris.

Le thème plutôt classique a pourtant attiré assez de monde pour remplir la salle dont les débats se sont déroulés sur un fond d'applaudissements, de chants et d'exclamation ennamourées des centaines de fans de Plus belle la vie, qui attendaient sur le stand voisin, l'arrivée des acteurs de la série.

La critique littéraire a essuyé les habituelles accusations : « l'endogamie » (Gilles Cohen- Solal), les critiques étant aussi auteurs et/ou éditeurs ; la paresse de journalistes qui ne liraient pas les livres (un peu excusée par la surproduction entretenue par les éditeurs) ; le manque de contenu des articles...

« Les critiques ne font pas assez confiance aux lecteurs et ne leur donnent pas les informations essentielles pour leur communiquer l'envie de lire le texte », a déploré Anaïs Massola. « Il existe une propension du critique littéraire à faire le malin, à vouloir faire de la littérature sur un livre au détriment de la transmission d'information, a renchéri Pierre Jourde. Depuis quinze ans, la critique subit une perte de confiance dont elle est responsable : elle parle du livre comme événement, fait des portraits d'auteurs, relève les phénomènes éditoriaux... » a-t-il regretté.

De son côté, la critique à la télévision est jugée par tous inexistante. Restent les libraires et leur conseil ainsi que l'a expliqué Anaïs Massola, qui redistribue même, en juin, les épreuves des romans de la rentrée littéraire pour avoir l'avis de quelques clients habitués.

Le bouche-à-oreille reste le prescripteur la plus efficace et le phénomène s'amplifie selon Pierre Jourde. « Il y a dix ou quinze ans, le succès du roman de Muriel Barbery n'aurait sans doute pas été aussi fort. Il est représentatif d'une résistance du public face aux auteurs qui passent en boucle à la télévision. »

La question des blogs littéraires a occupé une grande partie du débat. Raphaël Sorin, qui tient lui-même un blog, reconnaît que l'on en est qu'aux prémisses du média ; mais qu'une fois que la matière sera plus organisée, son effet sera explosif.

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