Une page se tourne dans l'histoire du comics underground, ces bandes dessinées américaines auto-produites qui ont commencé à fleurir dans les années 1960. Une des plus grandes pionnières du genre, Aline Kominsky-Crumb, est morte mardi 29 novembre 2022, d'un cancer du pancréas.
La dessinatrice de 74 ans vivait dans le sud de la France depuis 30 ans aux côtés de son époux, le dessinateur Robert Crumb, lui aussi figure emblématique du mouvement. Elle était connue pour "son mode de narration confessionnel et son style de dessin d'inspiration expressionniste", a rappelé l'agente littéraire Lora Fountain, sa collaboratrice de longue date.
Une marginale parmi les marginaux
Née en 1948 à Long Island, Aline Kominsky-Crumb fait ses premiers pas dans le milieu du comics underground pendant ses études à Tucson (Etats-Unis). En 1972, elle s'établit à San Francisco pour se consacrer au dessin et fait la connaissance de Robert Crumb, avec qui elle se mariera quelques années plus tard.
Contributrice de l'anthologie féministe Wimmin' Comix, elle s'associe également à l'artiste Diane Noomin dans l'album Twisted Sisters (1976) et officie en tant que responsable éditoriale au sein de la revue Weirdo. En parallèle, elle produit énormément avec Robert Crumb : le couple lancera la série Aline and Bob's Dirty Laundry ainsi qu'un journal écrit à quatre mains, Parle-moi d'amour ! (Denoël Graphic, 2011). En 2007, Aline Kominsky-Crumb publie ses mémoires sous le titre Need More Love. Elle participe également à une autre anthologie féministe, Balance ta bulle : 62 dessinatrices témoignent du harcèlement et de la violence sexuelle (coordonnée par Diane Noomin et traduite par Samuel Todd en 2020 chez Massot Editions).
Son travail a été publié dans Artforum, le New York Times, le New Yorker et de nombreux autres magazines, et a été exposé dans plusieurs musées. L'Espace 108 à Paris célébrait notamment, en début d'année 2022, ses collaborations avec son mari lors d'une exposition intitulée "Sauve qui peut !".