Aucun pedigree n’est indifférent, aucun père ne saurait se réduire à un acte d’état civil. Tout de même, être la fille de l’un des plus emblématiques éditeurs de l’après-guerre, ce n’est pas rien. C’est ce qui est arrivé à Juliette Kahane, la fille de Maurice Girodias. Elle en fait aujourd’hui un livre, Une fille.

Pendant longtemps, Girodias fut pour sa fille une ombre, un héros inquiétant. Elle vit à Paris entre une mère dont seules des photos jaunies témoignent qu’elle eut parfois un usage du bonheur et une grand-mère qui se perd entre pilules et verres de Banyuls… De temps en temps, son père, dandy et don Juan, l’emmène dîner ou en boîte où il la laisse en compagnie d’hommes trop vieux ou trop entreprenants. Plus tard, la petite Juliette aura 17 ans, ce seront les années 1960, et le voyage vers la Californie. De retour en France, elle prend ses distances avec ce père. Il n’est dans ces affaires de famille littéraire qu’une règle : trouver la bonne distance à son sujet. Une justesse, tissée de chagrin et de compréhension. O. M.