La 23e Foire internationale du livre d'Abou Dhabi, qui a eu lieu du 24 au 29 avril, a confirmé son statut de rendez-vous de l'édition en langue arabe. Les 1 025 exposants de tout le Moyen Orient n'attendaient pas moins de 200 000 visiteurs, venus avant tout acheter des livres — près de 500 000 volumes leur sont proposés — dans une région où le réseau des libraires est parfois inexistant. Mais ce sont les livres pour la jeunesse qui ont suscité le plus bel engouement, d'autant plus que 60 000 enfants (dont 25 000 scolaires) ont bénéficié de «chèques-livres» offerts par l'Abu Dhabi Tourism & Culture Authority. Editeurs pour la jeunesse de qualité comme le Syrien Bright Fingers ou le Libanais YukiPress, et le «coin des illustrateurs» ont bien démontré la vivacité de ce secteur.
Sélectionnant soigneusement les exposants de 51 pays (éditeurs, distributeurs, libraires), la Foire internationale du livre d'Abou Dhabi a mis en place depuis plusieurs années des outils professionnels. Le centre des droits, instauré pour lutter contre le piratage, où se signent des lettres d'intention indispensables pour obtenir une subvention de 1 000 dollars pour acheter les droits (près de 200 ont été signées l'an dernier), 30 rencontres animées par 50 professionnels, des ateliers consacrés à la traduction - de l'anglais, de l'allemand, du français vers l'arabe - organisés dans le cadre du projet Kalima, ou la «eZone» consacrée au numérique avec des conférences, en sont des exemples.
Le stand français du Bief, tenue par la librairie Culture & Co, qui présentait 3 000 ouvrages sur 72m2, avait mis l'accent sur la littérature avec les livres publiés pour le centenaire de la naissance d'Albert Camus et le prix Goncourt de Jérôme Ferrari, qui enseigne la philosophie au lycée français d'Abu Dhabi et était l'un des 80 auteurs invités de la Foire.
Dans un marché essentiellement arabophone, seuls deux éditeurs français avaient fait le déplacement : Patrice Hoffmann, directeur éditorial de Flammarion, qui a notamment participé à une table ronde très animée sur les prix littéraires et Marie Dessaix, responsable des droits étrangers de Nathan Jeunesse. Ellipses, présente pour la deuxième année, était l'unique maison française à avoir un stand en dehors du Bief.
Malgré un marché difficile dans certains pays — totalement dévasté en Syrie, souffrant d'une dévaluation monétaire en Egypte, ou chaotique comme en Irak —, la foire a montré la volonté des professionnels de tenir bon et de rencontrer les lecteurs.