"La fiction littéraire est en crise." Le constat était clairement établi par Claire Armitstead dans une tribune du quotidien britannique The Guardian, le 15 décembre 2017. La rédactrice en chef culture relayait l’inquiétude d’un rapport du Arts Council England (ACE) qui pointait l’érosion des pratiques de lecture dans le domaine de la fiction littéraire, exception faite pour les littératures dites de genre, avec des ventes en baisse et des écrivains qui peinent de plus en plus à tirer quelques subsides de leurs livres. La conjoncture est semblable en France. En mars 2016, le rapport "La situation économique et sociale des auteurs du livre" demandé par le CNL pointait une fragilisation des auteurs et des traducteurs dans ce même registre. Cette précarisation remet en cause l’existence même de l’activité de création littéraire. Bouleversée par un nouvel environnement technologique, économique et culturel, la chaîne du livre doit accompagner cette profonde mutation en prenant conscience de la nécessité de protéger ce qui fait l’âme d’un pays. "La mort écrit, à sa manière, l’histoire de la littérature." Certes, Malraux avait raison. Mais pour cela, il faut que la littérature reste vivante. Dans l’entretien accordé à Livres Hebdo l’automne dernier, Françoise Nyssen appelait à "libérer les énergies" dans un pays où "l’appétit pour le livre est très fort". Mais pour éviter la déperdition de ces énergies, il importe de les canaliser et de les accompagner. Ce défi-là n’est pas le moindre. L. L.

05.01 2018

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