Festival du livre de Paris 2025

La Gen Z et les livres : entre viralité et nouveaux codes

Les invités de la conférence « Quand la lecture devient virale. Booktok, genres, formats : les nouveaux codes de la Gen Z » - Photo Adèle Buijtenhuijs

La Gen Z et les livres : entre viralité et nouveaux codes

Vendredi 11 avril, sur la scène internationale du Grand Palais pendant le Festival du livre de Paris, une table ronde dédiée aux habitudes de lecture des 15-30 ans s’est penchée sur les formats et genres littéraires plébiscités par les jeunes.

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Par Adèle Buijtenhuijs
Créé le 12.04.2025 à 21h19

Le 8 avril, le Centre national du livre (CNL) dévoilait son baromètre bisannuel « Les Français et la lecture ». Un rapport qui indique un recul inquiétant de la lecture chez les moins de 25 ans, le temps quotidien consacré à cette pratique ayant diminué de 10 minutes par rapport à 2023, passant de 41 à 31 minutes par jour. Pourtant, au Festival du livre de Paris, nombreux sont les jeunes que l’on croise à travers les allées. 

Alors que lisent-ils aujourd’hui ? Sur quel support ? Et les réseaux sociaux dans tout ça ? Les invités de la conférence « Quand la lecture devient virale. Booktok, genres, formats : les nouveaux codes de la Gen Z », animée par Elizabeth Sutton se sont intéressés à ces questions. 

Numérique, liseuse et Kindle

Comme pour dédramatiser la situation Théo Ponchel, directeur d’étude du pôle opinion de l’institut de sondage Opinion Way, a d’abord révélé que, d’après une étude menée par l’organisme en avril dernier avec Kindle, les jeunes (15-30 ans) lisaient en moyenne 17 livres par an, soit plus d’un par mois. Ce chiffre est évidemment à nuancer : 25 % d’entre eux affirment ne pas lire du tout contre 7 % qui sont de très grands lecteurs (plus de 52 livres par an). Néanmoins, 71% des jeunes souhaiteraient lire davantage. 

De plus, les lecteurs favorisent généralement la lecture le soir sous la couette et voient dans cette pratique un moment de détente (63% d’entre eux). 

Géraldine Codron, responsable de la catégorie livres chez Amazon et invitée de la table ronde, a évoqué le livre comme faisant partie de l'« ADN » de la plateforme américaine. 

Côté format, Clément Monjou, directeur général d’Alexa France, l'assistant vocal d'Amazon, observe un « changement impressionnant » ces deux dernières années autour de Kindle, la liseuse développée par Amazon dont les ventes ont augmenté de 30% par rapport à l’an dernier. « Un produit électronique » passé en quelque temps à un simple « objet tendance » selon le DG : « Il n’y a qu’à voir toutes les options de customisation de liseuse qu’on propose à notre stand ! L’avantage de cet outil ? Pouvoir lire n’importe où et n’importe quand : la lecture sans contrainte », a-t-il conclu.

Dans l’étude d’Opinion Way, un jeune sur quatre déclare avoir une liseuse, tandis que 50% affirment ne pas en posséder mais en avoir déjà utilisé. Théo Ponchel a rappelé que les jeunes utilisaient autant le papier que les écrans pour lire des livres.

Pour Géraldine Codron et Clément Monjou, tous les formats sont complémentaires. Et lorsqu’on interroge ce dernier sur les répercussions des livres numériques pour les librairies, il répond : « Il y a tous les moyens de lecture comme il y a tous les moyens de locomotion ». 

La romance poursuit sur sa lancée

Même si l’on constate une disparité des genres littéraires, les jeunes (et notamment les filles et jeunes femmes) sont de plus en plus nombreux à se tourner vers la romance (56%), a expliqué Théo Ponchel. Un genre très présent sur le numérique selon Géraldine Codron. 

Jupiter Phaeton, autrice de fantasy qui publie ses ouvrages sur la plateforme d’autoédition d’Amazon KDP et présente à la conférence, a elle aussi souligné ce phénomène : « Je reçois beaucoup de messages de lecteurs qui me demandent d’ajouter des histoires d’amour dans mes livres ! »

L’importance des réseaux sociaux

En parallèle, elle a détaillé à l’assemblée sa façon d’entretenir une relation avec ses lecteurs à travers les écrans : « Notre but est d’être authentique. Au début, les réseaux sociaux représentaient une sorte de façade où tout semblait parfait. Aujourd’hui, tout ça vole un peu en éclat, les jeunes veulent des recommandations réelles ».

Très présente sur les plateformes, l’autrice s’adresse quotidiennement à ses lecteurs via notamment les communautés Booktok et Bookstagram (sur Tiktok et Instagram). 

Les questions des nouveaux modes de prescription chez les jeunes (Internet, les influenceurs), pourtant abordées dans l’étude du CNL n’ont pas été soulevées lors de la conférence. 

À l’issue de celle-ci, Georges-Marc Habib, libraire à L’Atelier dans le XXe arrondissement de Paris, a déploré l’omission de certains sujets et s’est interrogé : « Avec l’essor du numérique, comment continuer à donner envie aux jeunes de lire des livres papiers et les accompagner vers des genres littéraires différents ? »

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