La thèse est simple : la guerre d'Espagne a servi de réceptacle aux luttes des intellectuels français. Pierre-Frédéric Charpentier (université de Toulouse-1 Capitole) a puisé dans un corpus impressionnant pour montrer comment les journalistes, les écrivains et les artistes ont traversé, quelquefois seulement en pensée, les Pyrénées pour alimenter cette lutte droite contre gauche dans une sorte d'impossible neutralité. L'Espoir de Malraux se fait l'écho d'une épopée incertaine et Les grands cimetières sous la lune de Bernanos impose le recueillement mais pas le silence. L'engagement installe une histoire qui devient mémoire et se perpétue en lieu symbolique. Sauver la République en Espagne, c'est sauver la République en France.

Michel Leiris comprend l'issue devant la beauté fatale deGuernica. « Picasso nous envoie notre lettre de deuil : tout ce que nous aimons va mourir. » La Seconde Guerre mondiale lui donnera raison. Les clivages vont se radicaliser sous Vichy, et ce qui se déroule en Espagne est une répétition de massacres plus grands encore. Sur ce sujet, le travail de Pierre-Frédéric Charpentier s'impose comme une référence.