Une étude de la Confédération de l’illustration et du livre (Cil), l’association qui fait office de centre régional du livre en Alsace, qui sera présentée le 21 novembre dans le cadre du Salon du livre de Colmar, dresse pour la première fois un panorama détaillé de la librairie indépendante en Alsace. Menée au premier semestre 2015 conjointement par le consultant Michel Ollendorff pour "connaître les conditions concrètes d’exercice des librairies et pouvoir agir pour les améliorer", elle s’intéresse aux aspects organisationnels, sociaux, économiques et interprofessionnels des 37 librairies visitées, sur les 46 recensées sur le territoire. En moyenne, une librairie alsacienne dégage 568 000 euros de chiffre d’affaires, se situe en majorité en centre-ville et est plutôt jeune : 48 % des librairies existent depuis moins de quinze ans. Globalement, le secteur est en expansion, le nombre et le CA des librairies augmentant. Il emploie 134 salariés dont 75 % en CDI. 87 % des libraires alsaciens sont affiliés à un réseau, une démarche qui porte ses fruits notamment à propos de la remise commerciale, dont le niveau est plutôt élevé, même pour les entreprises dégageant moins de 300 000 euros (catégorie D).

Ces aspects positifs sont toutefois contrecarrés par la situation économique de la librairie alsacienne qui, comme ailleurs, reste précaire. Sur l’ensemble du réseau, 55 % des librairies sont en position de trésorerie négative, ce qui signifie qu’elles ne peuvent assumer le financement de leur stock. Fragiles, les structures de la catégorie D ne parviennent d’ailleurs pas à dégager un CA moyen par salarié suffisant pour faire vivre leur activité. Il est, en Alsace, de 128 504 euros, alors que le seuil est communément fixé à 180 000 euros. Une situation très préoccupante à laquelle l’enquête propose de remédier par un renforcement "de la formation des libraires aux leviers d’amélioration de la trésorerie" en lien avec la rotation des stocks. D’autres préconisations concernent l’optimisation de l’utilisation des outils informatiques, la promotion de l’apprentissage et de la formation continue, la structuration des relations avec les éditeurs régionaux et la modification des pratiques de communication et de marketing envers les clients.

Cécile Charonnat