29 janvier > nouvelles Etats-Unis

La guerre en Irak a déjà donné un grand livre avec Yellow birds de Kevin Powers (Stock, 2013, repris au Livre de poche), finaliste du National Book Award. Un prix fameux qui a récompensé Fin de mission, l’impressionnant recueil de nouvelles de Phil Klay paru en mars dernier aux Etats-Unis et traduit ces jours-ci dans l’excellente collection "Americana" dirigée par Philippe Beyvin chez Gallmeister.

Le jeune débutant âgé d’à peine 30 ans est vétéran du corps des marines pour lequel il a servi dans la province irakienne d’Anbar de janvier 2007 à février 2008. Après sa démobilisation, il a commencé à écrire, publiant des nouvelles dans Granta et des textes dans le New York Times ou Newsweek. Fin de mission est un choc littéraire. Où l’on entend d’abord la voix du sergent Price, un marine de la compagnie Bravo, comme Curtis, O’Leary, MacManigan, Craig et Eicholtz, qui ne rentrera pas au pays.

Le soldat s’en est sorti, il revient auprès de sa femme et de son chien. Mais comment oublier une mission de sept mois en Irak ? Les zones de tir. Dormir par terre ou dans un lit de camp en toile. Porter un gilet pare-balles et avoir un fusil accroché dans le dos en permanence. Le caporal Suba, lui, se rappelle avoir nettoyé des maisons, tiré sur des hajji. S’être retrouvé sous les feux de l’ennemi. Ce qui ne s’apprend pas dans un camp d’entraînement. Pour se détendre, il y a bien la possibilité de jouer à Grand Theft Auto sur une console PS3. Mais rien qui ne l’empêche d’être effrayé en permanence quand il est sur la route.

Phil Klay raconte les effets destructeurs de la guerre. Les choses tordues que vivent et voient les militaires engagés dans le conflit. Des hommes qui peuvent avoir recours à la cellule de soutien psychologique. Ou bien se confesser à l’aumônier, tel le caporal Rodriguez. Un type maigre comme du fil de fer, avec le corps "tendu, chargé d’électricité". Un peu hagard, le lecteur passe d’un récit à l’autre, d’un chaos à un autre. Et découvre en chemin celui qui sert dans l’unité et s’occupe des morts. Un garçon pas sportif, pas agressif, pas plus patriotique que ça, qui s’est engagé dans l’armée. Ce que n’a pas supporté sa petite amie. Il y a aussi Jenks, qui vient d’une "banlieue merdique" et s’est également engagé dans le corps des marines. Avant d’être blessé et mutilé par une explosion qui a fait éclater ses tympans.

Réaliste et poignant, sans pathos malgré ce qu’il évoque avec une belle économie de moyen, Fin de mission est à ne pas rater. Al. F.

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