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A la lueur des phares

A la lueur des phares

S’inspirant d’un film de Thomas Jane, Thomas Ott réalise à la carte à gratter un road-movie cauchemardesque.

Par Fabrice Piault
avec Créé le 17.10.2013 à 18h49

Photo THOMAS OTT/L’APOCALYPSE

Adepte de la carte à gratter, l’auteur suisse Thomas Ott y puise comme une poignée d’autres, tels que Matthias Lehmann (L’étouffeur de la RN 115, Actes Sud), la matière sombre d’histoires qui le sont tout autant. Dark country, inspiré du film éponyme de Thomas Jane, basé sur un texte de Tab Murphy, possède une structure malicieuse qu’on ne dévoilera pas, qui lui apporte une touche salutaire d’humour, fût-il noir. Mais ce road-movie entièrement muet est d’abord, dans l’Amérique des motels, des bars et des stations-service, un huis clos oppressant où se débattent des personnages pathétiques.

Soit un jeune gars en manque d’amour, semble-t-il mal sevré d’une mère possessive, et une gogo girl, « just married », filant en pleine nuit dans une vieille américaine sur une route peu fréquentée. Soit l’apparition soudaine d’un type dans un état déjà dégradé, que leur voiture renverse. Le couple le recueille et l’installe sur la banquette arrière. Mais le voilà qui s’assied, présentant dans le rétroviseur un visage ensanglanté, édenté, effrayant qui lui donne l’allure d’un zombie. Le cauchemar peut commencer. Formellement, Thomas Ott rebat les codes archiconnus du roman et du film noir américains. Mais, utilisant la profondeur de la carte à gratter pour en faire ressortir la lumière, il donne à ses scènes, à la lueur des phares, un éclairage surréaliste.

F. P.

17.10 2013

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