Disparition

La mort de Roland Dumas, avocat, ministre et ancien président du Conseil constitutionnel

Dans "Coups et blessures : 50 ans de secrets partagés avec François Mitterrand", Dumas revient sur sa proximité avec l'ancien président de la République. - Photo AFP/Joel Saget

La mort de Roland Dumas, avocat, ministre et ancien président du Conseil constitutionnel

L’ex-avocat et homme politique Roland Dumas s’est éteint mercredi 3 juillet à 101 ans. Il était l’auteur de plusieurs publications dont Politiquement incorrect et Coups et blessures (Le Cherche midi).

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Par Élodie Carreira
Créé le 03.07.2024 à 17h37

Ancien avocat retentissant, ministre de François Mitterrand et président du Conseil constitutionnel, Roland Dumas est décédé à l’âge de 101 ans. Aussi critiqué qu’admiré, ce fils de résistant était aussi un ami des lettres et des arts, auteur de nombreuses publications dont Politiquement incorrect (Le Cherche midi, 2015) ou Coups et blessures (Le Cherche Midi, 2011) dans lesquelles il témoigne d’une vie rocambolesque, marquée par les scandales judiciaires sous la présidence de François Mitterrand.

Né en 1922 à Limoges, Roland Dumas est le fils de Georges Dumas, fonctionnaire des finances entré dans la Résistance et fusillé en 1944, dont il hérite le goût pour la révolte et la contestation. Après la guerre, Dumas se lance dans des études de droit, mais repousse son investiture en qualité d’avocat. Installé à Paris, il se frotte d’abord au journalisme à l’Agence économique et financière, puis à L’Information, avant de passer son barreau.

L’avocat de gauche

Son début de carrière est marqué par des affaires détonantes. Il obtient, entre autres, l’acquittement de Georges Guingouin que la justice française accuse de crimes, et celui de Jean Mons, secrétaire général de la défense nationale, pris dans une affaire de fuites de secrets militaires au service du Parti communiste français pendant la guerre d’Indochine. L’affaire prend une dimension étatique, mettant en péril la crédibilité de Pierre Mendès France et de François Mitterrand, soupçonnés d’avoir tordu le cou au secret défense. Les premiers pas de Dumas le conduisent ainsi à plaider nombre d’autres causes politiques, dans lesquelles il tente de mettre à mal les partisans de droite. Celles-ci le conduiront d'ailleurs à se rapprocher du gouvernement.

Il entre ainsi en politique, sous l’aile de Mitterrand qui remporte les élections en 1981. Dumas est d’abord investi, en sous-marin, de missions à l’étranger, notamment dans les pays arabes. Deux ans plus tard, il est finalement choisi comme ministre des Affaires européennes, puis comme porte-parole du gouvernement, avant d’être chargé de la gestion des relations extérieures. Jusqu’en 1988, il sera tour à tour député de la Haute-Vienne, de Corrèze et de Dordogne.

L’affaire Elf, un scandale d’État

Mais les flirts répétés de ce collectionneur de tableaux et de livres anciens avec un certain cynisme politique ternissent sa réputation. Dans les années 1990, il est nommé à la présidence du Conseil constitutionnel, en dépit des critiques qui lui sont faites. En 1994, il est rattrapé par la tempête de l’affaire Elf, une des plus grosses affaires de corruption politico-financière qui met à mal de nombreux cadres politiques. Condamné à la prison ferme en première instance, Dumas est tout de même relaxé en janvier 2003 par la Cour d’appel de Paris.

Marginalisé du monde politique, celui qui fût le dernier avocat de Pablo Picasso et le défenseur de l’écrivain Jean Genet – qui lui confia plusieurs manuscrits jamais parus -, fait cependant de nouveau parler de lui en 2006, lorsqu’il soutient les propos antisémites de l’humoriste Dieudonné ou lorsqu’il s’affiche aux côtés de membres du Front National. En 2010, son adhésion à la théorie complotiste remettant en doutes les attentats du 11 septembre 2001, finissent de lui faire perdre toute son aura d’antan.

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