«Chers amis, nous vous informons avec tristesse que nous devons, contre notre volonté, cesser notre activité [...] Nous espérons que nous arriverons à vaincre cette crise qui anéantit les entreprises et le pays.»
C'est avec ce panneau affiché sur la porte que les éditions Hestia ont annoncé la fermeture de leur librairie, ouverte depuis 128 ans au 60, rue Solonos, à Athènes, dans le quartier des étudiants et des éditeurs.
Outre le fonds important de littérature qu'elle offrait, la librairie de la rue Solonos était un mythique lieu de rencontres d'écrivains, animé notamment par Marina Karaitidi, directrice d'Hestia entre les années 1970 et 2000.
Sa fille, Eva-Marie Karaitidi, qui dirige aujourd'hui la maison, confie à Livres Hebdo : «Les déclarations d'amour, les larmes et les coups de fil de la part de gens inconnus, les articles nombreux dans la presse, les télés, la pluie de mails, tout autant que les marques de sympathie du président de la République, montrent que la librairie symbolisait une institution que l'on croyait éternelle.»
Hestia a été fondée en 1885. C'est la plus ancienne et l'une des plus importantes maisons d'édition helléniques. Outre la littérature grecque, elle publie, notamment à partir des années 1980 sous l'influence de Marina Karaitidi, de très nombreux auteurs français et francophones, aussi bien dans le domaine de la fiction que des sciences humaines.
Eva-Maria Karaitidi continue, dans le sillage de sa mère, à traduire des auteurs français, et a introduit au catalogue plusieurs collections de sciences humaines. Malgré une baisse de la production, la directrice explique que la librairie était une entreprise indépendante de la maison d'édition depuis plusieurs années et rassure sur le sort de cette dernière : «Nous continuons avec ardeur notre activité et nous affirmons notre présence avec la publication de grands auteurs grecs et internationaux.»