Edson Arantes en a gros sur la patate. Le gardien du musée ajuste une dernière fois sa casquette, fait tinter sa cloche. Fechàmos. On ferme. Les collections poussiéreuses n'attirent plus le chaland, le musée de Rio n'a plus d'argent. C'est fini. Seul le silence résonne encore au milieu des toiles d'araignée et des plinthes vermoulues. Et la nostalgie... Arantes se souvient des hordes d'enfants visiteurs du temps de la splendeur du musée. Mais il est temps de desserrer sa cravate et déboutonner la veste de son uniforme. Étrangement, il n'en fait rien. Il se rend à l'arrière du musée, là où il a donné rendez-vous à une poignée de passionnés. La visite de nuit peut commencer. Le sauvetage aussi... C'est un crève-cœur pour les habitués de choisir. On voudrait tout emporter. Le crâne du premier homme comme la collection de papillons et les masques ticunas. Cinq des fils d'Arantes enlèvent la grande météorite qui a tutoyé les étoiles pour l'emmener dans leur favela, tandis que Bianca et Ana Luisa choisissent un sarcophage plus léger qu'il n'en a l'air. Et l'immense Maxa le dinosaure, alors ? Chacun pourrait emmener une dizaine d'os... Grâce au gardien, les œuvres vont vivre une seconde vie, à ciel ouvert dans la promiscuité des favelas et parmi les rires des enfants. Aux confins de la bande dessinée, cet album prend pour point de départ un fait réel, l'incendie du Musée national de Rio de Janeiro. On aime la saudade qui le nimbe, et ce gardien mélancolique et doux, hors la loi mais sauveteur du Beau.
Fechamos
ÉDITIONS DES ÉLÉPHANTS
Tirage: 3 000 ex.
Prix: 15 € ; 36 pages
ISBN: 9782372730914