Lee émerge des "profondeurs océaniques". Il contemple le plafond dans une chambre d’un motel de banlieue, le Parkview, dont la réception empeste le vieux désodorisant. Lee entend une rumeur de circulation, des bribes de conversation. Le jeune homme a 20 ans, un tee-shirt bleu et un blouson de cuir. Il a été salement blessé. A reçu une balle dans le ventre, juste sous les côtes. Heureusement pour lui, le Parkview compte parmi ses clients le dénommé Wild. Un gros bonhomme aux cheveux grisonnants et clairsemés, à la barbe pâle et au teint terreux. Celui-ci a perdu "depuis belle lurette la trace de l’homme qu’il était censé être". Il a pris la fuite, laissé derrière lui sa femme et sa fille. L’ancien médecin généraliste, on l’appelle désormais le "Docteur Junkie" tant il a la mauvaise habitude de s’injecter de la morphine.
Wild finit par accepter la demande de la patronne du motel et porte secours à Lee sans pouvoir extraire la balle. Lequel Lee a pour seuls bagages une arme à feu et une belle somme de liquide enfermée dans une valise. Argent obtenu quand il a décidé de trahir le tatoué Josef qu’il a connu derrière les barreaux de la prison. Wild et Lee se retrouvent réunis dans une même galère. Soudés par la force des choses. Il leur faut prendre la poudre d’escampette et quitter la ville. Le lecteur se doute bien qu’ils ne seront pas tranquilles, que leur route sera semée d’embûches. Il devine aussi que Josef va tout mettre en œuvre pour retrouver Lee et l’argent, qu’il s’est déjà lancé sur leur piste…
L’Australien Chris Womersley a été découvert en France quand Albin Michel a publié en 2012 la traduction de son deuxième livre, Les affligés (qui ressort en mai chez J’ai lu), amplement salué par la presse. Ici, il joue habilement avec les codes du roman noir et du road-movie. Et orchestre une course-poursuite qu’on lit comme on regarderait une bonne série B. Al. F.