22 SEPTEMBRE - HISTOIRE France

Il y a onze ans, Xavier Darcos publiait chez Plon L'art d'apprendre à ignorer, dans lequel il s'en prenait à un enseignement atteint de réformite continue au détriment de l'intérêt des élèves. Cette fois, il nous propose son art d'apprendre à savoir. Et ce savoir, cette sagesse, l'ancien ministre de l'Education nationale les puise dans la Rome antique.

Xavier Darcos- Photo DR/PLON

Evidemment, dès qu'il s'agit d'un homme politique, on cherche entre les lignes une opinion ou un anachronisme qui auraient pu se glisser et qui seraient comme un message subliminal dans les débats présents. Mais Xavier Darcos n'est pas Dominique de Villepin. Quand il parle de César, il ne pense pas à lui. Quand il évoque Brutus, il ne fait pas référence à Nicolas Sarkozy. Même l'article sur l'éducation se contente d'une information succincte sur la transmission de la virtus chez l'enfant romain.

Clair, précis, Xavier Darcos est avant tout un excellent pédagogue, un professeur enthousiaste qui rappelle ce qu'il doit à Pierre Grimal, Paul Veyne, Rémi Brague et bien d'autres spécialistes de cette période. Les quelque deux cents entrées de ce Dictionnaire amoureux sont organisées selon un seul souci : "Je propose simplement d'évoquer ce qui me touche, m'étonne ou m'enchante dans la Rome antique."

A l'exhaustivité, l'agrégé de lettres classiques a préféré le choix, le plaisir, le subjectif, les souvenirs de lecteur, de cinéphile et d'amateur de bande dessinée. On y trouve ainsi quantité de clins d'oeil à la littérature, aux classiques du cinéma comme aux péplums, mais aussi à Astérix, qui fit entrer les citations latines dans la culture populaire.

Xavier Darcos évoque aussi le personnage Alix de la collection "Signe de piste" - dont il s'étonne qu'il soit devenu "un héros revendiqué par les gays" -, explique l'aqueduc comme image globale de la romanité, rappelle ce que furent les augures ou les pénates avant d'intégrer notre langage courant, ou s'insurge contre le raccourci souvent utilisé pour comprendre l'expression de Juvénal : "Du pain et des jeux."

Pourtant, "difficile d'aimer une époque sans la comparer à la sienne". Et si comparaison n'est pas toujours raison, l'actuel ambassadeur chargé de mission pour l'action culturelle extérieure de la France et directeur de l'Institut français redit combien cette civilisation parle pour tous les temps. On lit encore Tacite, Cicéron et Sénèque, Virgile non pas comme s'ils étaient nos contemporains mais parce qu'ils nous disent quelque chose de notre monde actuel.

Comme ces étoiles mortes dont nous percevons encore l'écho, Xavier Darcos explique ce que nous devons à ces personnages, à ces comportements, à ces croyances, à cette pensée. "Les valeurs qui caractérisent notre Europe relèvent d'un art de s'approprier l'étranger, d'en faire une synthèse et de le fusionner." Son Dictionnaire amoureux de la Rome antique est donc aussi une manière de nous dire que l'immuable d'hier est quelquefois plus porteur de changement que l'agitation d'aujourd'hui...

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