La vraie vie de l’artiste en tournée

Yannick Haenel à la librairie Le Comptoir des mots, Paris. - Photo Olivier Dion

La vraie vie de l’artiste en tournée

Les auteurs se prêtent assez volontiers au jeu des rencontres en librairie. En période de rentrée littéraire, si l’exercice peut devenir exaltant, il est aussi épuisant. Trois écrivains témoignent.

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Par Clarisse Normand
avec Créé le 17.10.2013 à 18h49 ,
Mis à jour le 08.05.2015 à 15h07

Sorj Chalandon

:

« Je n’arrive pas à dire non

! »

Après la longue et « épuisante » promotion - de septembre 2011 à mai 2012 - de son roman Retour à Killybegs, Sorj Chalandon souhaitait ne pas trop tourner en librairie cet automne pour la parution du Quatrième mur. Résultat : pas moins de 30 rencontres sont programmées d’ici à la fin de l’année et l’auteur a déjà posé quinze jours de vacances auprès de son employeur, Le Canard enchaîné, pour pouvoir honorer ses engagements ! «Je n’arrive pas à dire non. Pour moi, c’est une obligation morale de répondre aux sollicitations des libraires qui m’ont défendu depuis mes débuts. C’est aussi très appréciable d’aller voir des gens qui me suivent, qui me posent des questions et m’obligent à réfléchir sur mon travail et ses évolutions. » Aussi à l’aise dans les petites librairies que dans les grandes, Sorj Chalandon reconnaît toutefois que ses souvenirs les meilleurs sont souvent dans les premières. Ainsi à Craponne (69), pour sa première invitation au Jardin des lettres, « la librairie était pleine à craquer et les discussions ont été très riches ». A l’inverse, l’auteur évoque une expérience moins réussie chez Decitre à Lyon : «Placé derrière une table à l’entrée du magasin, les clients me prenaient pour un vendeur et me demandaient de les orienter dans le magasin. Ce fut une leçon d’humilité ! » Gardant son enthousiasme intact, Sorj Chalandon se dit toujours « touché et intéressé » par les contacts avec le public.

Anna Gavalda

:

« Je gère mon agenda en direct

et je privilégie la gentillesse »

Considérant qu’elle doit sa bonne fortune aux libraires qui ont défendu ses livres avant qu’elle ne soit connue, Anna Gavalda a « la reconnaissance du ventre » et n’hésite pas à se déplacer aux quatre coins de la France « en train, TER et parfois même en autocar ». « Je gère mon agenda en direct et je choisis où je veux aller en fonction souvent des courriers que m’envoient les libraires. Je privilégie toujours la gentillesse. Malheureusement, comme le temps n’est pas extensible, je suis obligée de refuser beaucoup de déplacements. » Se décrivant comme plutôt « sauvage », Anna Gavalda, qui ne cache pas « avoir le trac… craignant toujours qu’il n’y ait personne », a son planning complet jusqu’à Noël avec quasiment trois rencontres programmées par semaine.

Véronique Ovaldé

:

« Pas plus de deux rencontres…

car c’est épuisant »

«C’est Pierre Hild [responsable commercial à L’Olivier] qui gère mon agenda et qui souvent m’accompagne dans les déplacements. Quand on va en province, il essaie souvent de grouper plusieurs rencontres. Mais je n’en fais pas plus de deux dans la même journée, car c’est épuisant. C’est un exercice qui demande beaucoup d’énergie. » Pour autant, explique-t-elle, ces rendez-vous avec son public sont comme « un baume ». «Alors qu’on est bousculé, et parfois malmené, par les turbulences de la rentrée, ces rencontres font beaucoup de bien. On est dans des relations de bienveillance et c’est très apaisant. » En outre, observe l’auteure, ces déplacements sont aussi l’occasion de découvrir des librairies et de nouer des contacts plus personnels avec les libraires, notamment en province où, parfois, ces derniers invitent l’auteur en déplacement à dormir chez eux. «Entre auteurs, on se communique les bonnes adresses ! C’est ainsi que Carole Martinez m’a conseillé la librairie Trait d’union à Noirmoutier. Du coup, j’y ai fait, il y a deux ans, la première dédicace de mon roman Des vies d’oiseaux… Et j’en garde un excellent souvenir. » < C. N.

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