L'accident
Darin Strauss a été remarqué par les amateurs de littérature américaine grâce à deux romans : Chang Eng (Seuil 2002, repris en Rivages Poche) et Le vrai McCoy (Seuil 2003, repris en Rivages Poche à la rentrée). On le retrouve cette fois avec un poignant récit autobiographique.
En mai 1988, il venait d'avoir 18 ans et conduisait une Oldsmobile. Des amis l'accompagnaient pour aller faire quelques parcours de minigolf. Devant lui, une cycliste déboîte d'un coup de guidon. Le capot de l'automobile percute Celine Zilke à soixante-cinq kilomètres-heure. La jeune fille a 17 ans, elle fréquente le même lycée North Shore de Long Island que lui.
Sur le moment, Darin Strauss se sent d'abord coupé "de la réalité des faits", voulant croire que tout va s'arranger. Son père arrive sur les lieux, le ramène à la maison. Le soir, il se rend au cinéma dans une ville voisine. Le lendemain, un policier téléphone pour annoncer que Celine est morte à l'hôpital. Darin Strauss n'est pas convoqué au commissariat, aucune plainte n'est déposée contre lui. Le psy qu'il consulte ne trouve pas meilleure idée que de l'emmener sur les lieux du drame au volant de sa Porsche.
Avec le recul des années, l'écrivain montre celui qu'il était alors. Ne sachant pas comment faire face à ses sentiments, obligé d'affronter le regard des autres. A l'enterrement, la mère de Celine lui a expliqué qu'il allait désormais devoir "vivre pour deux"... Sans pathos, La moitié d'une vie parle admirablement de la culpabilité. D'une existence anéantie en un instant et d'une autre lestée d'un poids bien difficile à oublier.
