Vacances en famille. Cette année-là, la famille Royer - Michel, le père, Andrée, la mère, -Philippe, le fils cadet - a décidé de rompre avec la routine et de ne pas passer ses quinze jours de vacances d'été dans le Sud-Ouest et la famille, mais de louer un bungalow dans un VVF du -Vercors. À Saint--Nizier-du-Moucherotte. Les Royer sont des petits-bourgeois provinciaux typiques. Michel travaille dans le fret à la SNCF, il est sur le point d'être nommé à la direction à Paris, avec une importante promotion. Cela comble son ambition d'ascension sociale, mais il n'ose encore l'annoncer à sa femme. Andrée est institutrice, directrice d'école. Le couple est en pleine crise de la cinquantaine. Elle songe à la séparation, au divorce, mais met du temps à se décider. La nouvelle organisation de leur vie, avec Michel à Paris toute la semaine, va leur offrir un sursis. Philippe, lui, a 15 ans. C'est un garçon sans histoires, discret, réservé mais sympathique. Ce littéraire rêveur est amoureux de sa première copine, Sylvie, avec laquelle il n'a pas encore fait l'amour.

Durant ces vacances, il va se métamorphoser, séduire par son humour, sa gentillesse, découvrir aussi son corps, parce que Pascal, son aîné de sept ans, plus brillant, plus mûr, plus beau, plus assuré, n'est pas là pour lui faire de l'ombre. Mais Pascal va apparaître inopinément, et on apprendra à son sujet un vilain secret.

Sur cette trame très « vie quotidienne dans les années 1970 », reconstituées avec accessoires d'époque, disco et pantalons pattes d'éph, Jean-Philippe Blondel tisse un roman subtilement agencé, une jolie comédie humaine. On passe d'un personnage à l'autre, on suit ses faits et gestes (au VVF, chacun peut pratiquer des activités différentes, se lier avec des gens divers), ses pensées, ses réactions. Mais pourquoi cet été 79, particulièrement ? Sans doute parce qu'il marque, pour les Royer, toutes les ruptures : le couple parental sur le point d'éclater ; Pascal plaqué par Fabienne, sa petite amie, riche héritière dans le champagne ; Michel regagnant Paris, seul ; Andrée et -Philippe, très complices, partant finir les vacances en Corrèze, dans la Talbot paternelle - tout un symbole. Pour l'adolescent, ce sera un été inoubliable, une véritable révélation de son potentiel de séduction.

Bien des années après, il revient à Saint-Nizier-du-Moucherotte, exauçant une promesse faite à sa mère, dont on ne sait trop si, à 92 ans, elle est encore de ce monde ou si elle est décédée. On comprend, en revanche, que c'est pour elle qu'il a écrit ce livre, puisqu'il est devenu enseignant et écrivain. Tout ceci nous renvoie évidemment à Jean-Philippe Blondel lui-même, né en 1964. En 1979, il avait donc 15 ans. Et si Philippe, c'était lui ?