Découvert avec Les anges brûlent (Fayard, 2003, repris en Pocket), coup d'essai enlevé sur les affres de la jeunesse dorée, Thibault de Montaigu avait plus impressionné encore en publiant Les grands gestes la nuit (Fayard, 2010). Un roman maîtrisé où il faisait se croiser une provinciale ambitieuse et un bourgeois déclassé dans la France des années 1950. Le narrateur de son nouvel opus est un écrivain fantôme qui vit retiré dans une petite maison de Pressagny-l'Orgueilleux où il boit du Coca light. Monsieur a jusqu'ici rédigé "des autobiographies de stars, des témoignages tapageurs, des confessions à l'eau de rose, des essais politiques, ainsi que trois romans publiés sous [s]on nom, passés inaperçus". Pour des raisons pécuniaires, le voici qui accepte une proposition de son cher éditeur. Et se lance, muni d'une solide documentation, dans la rédaction d'une enquête criminelle un brin mystérieuse.

Ses héros se nomment Thomas Klein et Santos Alvarez de Vasconcelos. Le premier était un photographe, amateur de nymphettes qu'il ramenait dans son trois-pièces de Pigalle, ayant raté le coche après des débuts prometteurs. Le second, un journaliste qui nourrissait des ambitions littéraires et logeait dans une chambre de bonne sous les combles rue de Varenne. On sait qu'ils sont morts à Zanzibar après "une absurde cavale". Que Klein et Vasconcelos avaient fait connaissance lors d'un reportage sur l'île de Jura, au nord-ouest de l'Ecosse, pour le compte de L'Officiel voyage. L'un assurant les photos, l'autre le texte. Ensuite, leurs aventures s'étaient poursuivies à Barcelone, à Istanbul, aux îles Eoliennes, à Cuba, dans les vignobles du Chianti ou encore au Lake Palace d'Udaipur.

Qu'étaient vraiment ces deux zigotos ? Des escrocs à la petite semaine, des mystificateurs toujours prêts à se livrer à de menus trafics partout où ils séjournaient et à squatter les chambres d'hôtels ? On le saura en suivant Thibault de Montaigu, conteur alerte qui prouve qu'il a plus d'un tour dans son sac.