Débat public à America sur "Les nouvelles tendances de la littérature américaine ", en 2008. Avec les traductrices, de gauche à droite : Francis Geffard (éditeur et organisateur du festival), P. J. Mark (agent), Chris Jackson (éditeur), Alexandre Fillon (Livres Hebdo), Lorin Stein (éditeur, aujourd'hui directeur de The Paris Review, Olivier Cohen (éditeur) .- Photo OLIVIER DION

Parce qu'il était lassé de voir les auteurs américains en coup de vent lors de leur passage en France, Francis Geffard a créé il y a dix ans le Festival America. "Je voulais un espace où les lecteurs puissent rencontrer des écrivains d'outre-Atlantique qui ne soient pas "en promotion". Un moment où ces derniers pourraient dialoguer, échanger avec le public et entre eux", précise l'éditeur. Il a fallu trouver l'endroit. Vincennes, la ville de son enfance, celle où il a ouvert sa librairie Millepages en 1980. Celle aussi "où certains des monarques français les plus aventureux ont rêvé du destin de la France en Amérique du Nord entre les murs du château de Vincennes".

30 000 VISITEURS

En 2002, la première édition du festival ouvre ses portes, presque un an jour pour jour après la tragédie du World Trade Center. Le succès est immédiat et les débats intensément nourris par cet événement traumatique. En 2004, la deuxième édition est marquée par l'ombre de la guerre en Irak. Depuis, tous les deux ans, America réunit près de 70 écrivains du Nouveau Monde et plus de 30 000 visiteurs.

Petit à petit, la manifestation s'ouvre sur de nouveaux horizons, comme en 2008 avec une édition consacrée à l'Amérique-monde. En 2012, pour célébrer les 10 ans du festival, Francis Geffard et son équipe ont décidé de ne plus se limiter à l'Amérique du Nord mais d'élargir la programmation à l'intégralité du continent américain. "Depuis le début, nous avons une conception très ouverte de ce que peut être l'Amérique du Nord et nous avons voulu montrer que sa littérature s'écrivait aussi bien en anglais avec les Etats-Unis et le Canada, qu'en français avec Haïti et le Québec et en espagnol avec Cuba et le Mexique", rappelle Francis Geffard.

Cette année, pour la première fois, la part des écrivains nord-américains a été réduite afin de laisser la place aux voix de huit pays d'Amérique latine : le Chili, l'Argentine, le Brésil, le Pérou, la Colombie, l'Uruguay, le Nicaragua et le Guatemala. Le choix coïncide avec le 520e anniversaire de la découverte de l'Amérique. "Nous nous sommes dit que c'était l'occasion de voir plus large en réunissant ces écrivains, non plus de l'Amérique mais des Amériques, pour célébrer la richesse et la diversité de leurs littératures et confronter leurs visions", explique Francis Geffard, qui précise qu'un large pan de la programmation sera également consacré aux peuples premiers avec la présence d'auteurs et de musiciens indiens d'Amérique du Nord, du Pérou et de Bolivie. "Ce sera l'occasion d'entendre des voix "oubliées", mais aussi de faire un état des lieux littéraire des sociétés américaines contemporaines, de voir ce que l'Amérique représente selon qu'on est colombien, québécois, brésilien, américain, guatémaltèque."

UNE CENTAINE DE RENDEZ-VOUS

Débats, rencontres, expositions, projections de films, concerts, plus d'une centaine de rendez-vous permettront de s'interroger sur l'Amérique "globale", le rôle des écrivains et la place de la fiction dans leur société. Parmi les thèmes abordés : l'identité, l'immigration, la guerre, la famille, la violence, la dictature, la ville, la relation entre fiction et journalisme, etc. Mais si cette édition voit se côtoyer les Américains Toni Morrison et Russell Banks, le Guatémaltèque Rodrigo Rey Rosa, l'Argentin Alan Pauls, le Canadien d'origine cherokee Thomas King et le Chilien Luis Sepúlveda, elle devrait rester exceptionnelle "car America demeure un festival dédié aux littératures du nord du continent", rappelle Francis Geffard, qui annonce déjà qu'en 2014 elle sera consacrée à la relation entre la France et l'Amérique.

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