9 MAI - ESSAI Grande-Bretagne

Edmund Burke- Photo DR

N'en déplaise aux Français ils ne sont pas les premiers à avoir fait la révolution. Les Anglais ont décapité leur roi avant eux. En 1649 est mis en place un commonwealth sous l'autorité d'Oliver Cromwell. A la mort de ce dernier, la monarchie est restaurée mais le parlement craignant les tendances absolutistes d'un souverain pro-catholique détrône Jacques Stuart pour y installer sa fille Mary et son époux protestant Guillaume d'Orange. Cette seconde révolution, outre-Manche, on l'appelle Glorious Revolution, glorieuse car sans effusion de sang. S'il y a le parti des "ultras", des Tories conservateurs et légitimistes pour soutenir Jacques II et son droit divin de régner, c'est aux Whigs, le parti en faveur de la monarchie constitutionnelle que l'Histoire a donné raison. Edmund Burke (1729-1797), en bon héritier de la Révolution de 1688, est un parlementaire whig, à savoir libéral, il aurait dû applaudir aux événements de 1789. Rien de tout cela. Témoin de l'abolition des privilèges et de l'instauration d'un nouveau régime en France, le gentilhomme irlandais s'effraie de tant de ferveur égalitaire et prédit la Terreur. Il en revient avec un virulent essai antirévolutionnaire, Réflexions sur la Révolution française, qui paraît en 1790, et qui fera le miel des réactionnaires à travers l'Europe. Traduites en plusieurs langues, les Réflexions sont un véritable best-seller, attirant moult lettres de réponse et une correspondance fournie avec les différents acteurs du moment révolutionnaire français. Lettre à un membre de l'Assemblée nationale sur la Révolution française et Rousseau est une réponse à la réponse du député royaliste français François-Louis Thibault de Ménonville. Burke y affine sa pensée contre les droits de l'homme et fustige l'auteur du Contrat social, "le philosophe de la vanité", source à ses yeux de cet égalitarisme à tous crins. Aux valeurs universelles abstraites qui donnent à tous les mêmes droits, il oppose la hiérarchie des valeurs et la vertu chrétienne d'humilité. Chacun à sa place, on assiste sinon à la "loterie d'imposture et de rapines", c'est le mot de Talleyrand : "Quand le peuple est roi, la populace est reine." Mais outre leur radicalité, ce que reproche aux révolutionnaires le théoricien du Sublime est le changement de régime non seulement politique mais également esthétique : "Ils espèrent inspirer à des hommes, des Français, un amour sans galanterie, un amour entièrement dépouillé de cette fleur de gaieté, de politesse et de loyauté, qui place au rang, sinon des vertus, du moins des ornements de la vie."

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