Les temps sont durs pour la librairie Original Comics. Créée en 2019 à proximité du Panthéon (Paris), la boutique de bandes dessinées américaines — d’abord plateforme de vente en ligne depuis 2015 — subit de plein fouet les conséquences d’une année moins prolifique pour le marché du livre, marquée notamment par la crise inflationniste, auxquelles s’ajoute une perte de vitesse pour le marché du comics. Mais Thomas Rivière, fondateur avec Olivier Kassadi de l’enseigne, se refuse à fermer une boutique avec plus de 5 000 références en stock et compte sur les quelque 20 000 abonnés de sa chaîne YouTube « Radio Comics » pour inverser la tendance.
« Le marché du livre s’est pris une grosse gamelle. Le premier trimestre n’a pas été bon avec moins 12 % sur l’ensemble du marché du livre, moins 25 % sur celui du manga et une baisse de ventes généralisée sur les comics », rappelle, face caméra, le youtubeur-libraire. Dans une vidéo intitulée « Original Comics en GRAND DANGER : J’ai besoin de vous ! », qui comptait déjà plus de 20 000 vues en moins de vingt-quatre heures, il raconte à sa communauté les difficultés financières rencontrées par sa boutique et sollicite donc son soutien. D’autant plus qu'Original Comics s’est doté, l’année dernière, d’une seconde librairie spécialisée cette fois en manga, « parce qu’il avait le vent en poupe ».
Un chiffre d’affaires en chute libre
« On voit la trésorerie fondre comme neige au soleil (…). Si la situation ne se redresse pas, le banquier va nous couper les vivres, les fournisseurs vont arrêter de nous envoyer des nouveautés et on ne pourra plus livrer personne », a-t-il également confié. Problème ? Pas de nouveautés en comics, pas de ventes et l’enseigne déplore une absence de nouvelles parutions depuis déjà trois semaines. Si la conjoncture n’est pas surprenante — la structure enregistre une baisse de 30 % de son chiffre d’affaires depuis trois mois — elle touche tout de même lourdement Original Comics, au point que les fondateurs envisagent de ne pas passer l’été.
« Il nous faut payer les charges, les loyers, les salariés (…), renchérit Thomas Rivière, on peut redresser la barre, mais on a besoin de vous ». Le libraire invite donc les acheteurs « par habitude » d’Amazon ou de la Fnac à « aider les commerces indépendants », tandis qu’il enjoint ses fidèles abonnés à commander un ou plusieurs albums, parmi les 150 000 euros de stock qui dorment dans un coin. « Il nous faudrait une moyenne de 100 commandes par jour pendant trois à quatre jours pour nous remettre à flot », précise le passionné de bandes dessinées. Sous la vidéo, les premiers commentaires sont encourageants. Plusieurs internautes ont déjà passé commande. Reste à savoir si la mobilisation sera suffisante pour sauver la boutique.