L'auteur jeunesse Bernard Epin, critique de littérature jeunesse et militant communiste, s'est éteint le 1er avril, à l'âge de 83 ans, des suites du Covid-19. Grand spécialiste des livres pour enfants, qu'il a chroniqués dans plusieurs journaux, dont
Regards et
L'Humanité, l'écrivain a consacré sa vie au partage de la culture et à souligner l'importance de la lecture pour faire advenir le changement social. Il a notamment signé le
Grand livre du jeune citoyen chez Rue du Monde, grand prix de l'Assemblée nationale en 1999.
Fils d'un ouvrier militant cégétiste et communiste et d'une mère couturière, Bernard Epin adhère au PCF en 1954, peu avant d'être nommé institueur dans le XIVe arrondissement de Paris. Son intérêt pour la vie culturelle l'amène à entrer au collectif de rédaction de
L'école et la nation, la revue du Parti communiste dédiée aux questions pédagogiques. A la suite du décès de l'auteure Natha Caputo, il assure la chronique des livres pour enfants, dont elle avait la charge.
Cette prise de fonction marque le début de son combat, celui d'une vie, pour la promotion d'une littérature jeunesse émancipatrice et de qualité. Il a présenté sa pensée aux parents dans
Les livres de vos enfants, parlons-en, un essai paru en 1985 à La farandole. Après la disparition de la revue en 1986, Bernard Epin collabore avec l'hebdomadaire
Révolution, puis le mensuel
Regards et
L'Humanité avec, toujours, le souci de défendre une littérature ouverte sur le monde et les autres. Il défend sa vision à l'occasion de nombreux débats et rencontres, mais surtout au cours de ses différents mandats à la mairie de Saint-Ouen, dont il est l'adjoint en charge des questions culturelles de 1971 à 1995.
Un homme attentif
Son éditeur, Rue du monde, regrette la disparition d'un "
intellectuel raffiné, engagé pour le partage de la culture et pour des changements sociaux audacieux, qui savait allier fidélité à ses convictions et écoute attentive offerte aux autres". La maison loue son attention "
pour ce qui était novateur et tout particulièrement du côté de la jeunesse en laquelle il avait une grande confiance", peut-on lire dans un communiqué transmis à
Livres Hebdo.
Dans
sa notice biographique, le site des dictionnaires du mouvement ouvrier Maitron résume la philosophie de Bernard Epin dans une citation, qu'il emprunte à son essai
Les livres de vos enfants, parlons-en : "
L’exigence démocratique ne part jamais de rien. Elle s’alimente à tout ce qui fait les aspirations quotidiennes de notre vie. Le droit à la lecture, le pouvoir de lire qu’il faut gagner n’appartiennent pas au rayon des accessoires superflus. Ils se nourrissent des expériences heureuses, des rencontres réussies. Il en est du plaisir de lire comme des autres ; il ne s’accomplit qu’avec le désir et la possibilité de le faire partager. Raison de plus avec les enfants."