éTONNANTS VOYAGEURS

L'avenir du roman débattu à Brazzaville

L'avenir du roman débattu à Brazzaville

En escale au Congo, Etonnants voyageurs a mis un coup de projecteur culturel sur une région pétrolière plus connue pour la misère de sa population ou le scandale des « biens mal acquis ».

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avec Créé le 11.10.2013 à 19h48 ,
Mis à jour le 11.10.2013 à 23h52

Photo ANNE-LAURE WALTER/LH

Lorsque, en 1962, les plus grands écrivains du monde furent réunis à Edimbourg pour réfléchir aux enjeux de la littérature dans un monde bousculé par la guerre froide et les luttes anticoloniales, il n'y avait pas un seul écrivain noir. Cinquante ans plus tard, c'est en Afrique centrale, au Parlement du Congo à Brazzaville, que la Word Alliance (1) a relancé, à l'occasion d'Etonnants voyageurs (13-17 février), des états généraux du roman reprenant les cinq mêmes thèmes (notion de « littérature nationale » ; censure ; politique ; style ou contenu ? ; l'avenir du roman). La discussion se prolongera dans 15 festivals à travers le monde. Une rencontre nourrie, à laquelle ont participé les nombreux écrivains invités par le festival mais aussi les intellectuels locaux.

Outre ces conférences pointues, le festival Etonnants voyageurs a réussi à essaimer les rencontres dans toute la ville, s'implantant dans les lieux culturels connus du public local. Il a évité de rester un entre-soi, avec sa caravane de 80 auteurs et 50 journalistes (dont les équipes de France Inter) venus de Paris tous frais payés.

Cette première édition est un succès médiatique, « une vitrine internationale », comme l'explique son président, l'écrivain Alain Mabanckou. Les investissements des partenaires publics et privés locaux ont porté leurs fruits pour donner une autre image de l'Afrique. En effet, placés au coeur de l'actualité de ces quatre jours, l'art, la musique, le théâtre, la poésie et la littérature africaine dans toute sa diversité ont remplacé les sujets - les enlèvements de Français dans cette région du monde et les détournements d'argent par l'Etat et l'affaire des « biens mal acquis » - dont la presse parle habituellement.

Dans ce pays de 4 millions d'habitants à la croissance de 5 %, les richesses venues du pétrole sont très mal réparties. En dehors de ce temps fort que représente Etonnants voyageurs, la politique culturelle est quasi inexistante, la chaîne du livre entièrement à construire avec peu d'acteurs locaux, hormis la librairie des Dépêches ou les éditions Hémar. Reprenant un proverbe local, Alain Mabanckou concède qu'« un seul doigt ne peut pas laver la figure ». Mais le festival se promet de revenir au Congo pour insuffler une dynamique et des envies de fiction.

(1) LH912, du 1.6.12, p. 43.

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11.10 2013

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