Dans Scalp, un chef-d'œuvre (Futuropolis, 2017), Hugues Micol mettait en scène dans un noir et blanc inspiré l'équipée sauvage du chef de gang John Bolton dans l'Amérique de la conquête de l'Ouest (1). Cette fois, avec les couleurs puissantes d'Isabelle Merlet, l'auteur d'une bonne trentaine d'albums place son dessin fougueux au service de sa propre épopée, à peine camouflée derrière celle de ce Saint Rose qui donne son titre à son nouveau livre.

Saint Rose est spécialiste en « investigations & péripéties ». Le dessinateur sonne à la porte de sa somptueuse villa, perchée, au bout d'une allée bordée de cyprès et de pins parasols, sur un promontoire rocheux dominant la mer. La veille, dans une soirée privée où il officiait aux pinceaux, il s'est fait dérober un dessin dans lequel il a perçu une inspiration susceptible de renouveler son art. Il entend engager le détective-aventurier pour le retrouver et, en dépit des réticences d'icelui, participer à la quête aux côtés de Saint Rose et de ses acolytes : un marin faussement débonnaire répondant au nom de Motte-Piquet, un maître queux papou baptisé Comment, une poule affublée d'une dentition respectable et le bras droit du détective, Conchobhar O'Muc, « malin comme un singe et fort comme un bœuf » bien que sa tête soit de cochon.

Les voici sur la trace d'une mystérieuse cigogne noire, embarqués sur un cargo en route pour Macao, le paradis du jeu, des trafics en tout genre et des héros qui ont marqué la jeunesse d'Hugues Micol. Entre le Mystérieux docteur Fu Manchu et Tarzan, le dessinateur propose une expédition rocambolesque. On y poursuit jusqu'à Los Angeles et à une île improbable un Jean-Paul Sartre et une Simone de Beauvoir à la conscience pas très nette. On y croise des mafieux, un éléphant, des actrices sublimes et des guérilleros. L'aventure, c'est l'aventure !

(1) Voir notre « avant-critique » dans LH 1109, du 9.12.2016, p. 44.