Scénariste et réalisateur dans le "civil", Daniel Janneau avait déjà publié, en 2013 chez Michalon, un premier roman épatant, It’s only rock’n’roll. Le voici de retour avec un deuxième qui n’a rien à voir a priori, si ce n’est le talent, l’humour, et un style élégant, quasi aérien. Bien en phase avec le sujet, puisqu’il s’agit ici de feu d’artifice.
Plus précisément celui que la toute-puissante régente Marie de Médicis a prévu de faire tirer le 23 novembre 1615 sur la place Royale, à Paris, pour le mariage de son fils, le jeune roi Louis XIII, avec Anne d’Autriche. Vu l’importance de l’événement, il faut que ce soit parfait et somptueux. Aussi, ne laissant rien au hasard, elle s’y prend à l’avance et, sur les conseils de sa dame d’honneur, Antoinette de Ponche, confie la charge de l’organisation du feu d’artifice au jeune baron Amédée Foucher, 23 ans, capitaine du génie et filleul de la dame. Un honneur et une tâche redoutables, surtout quand on n’y connaît rien. Mais Amédée, outre qu’il est joli garçon et pas idiot, est gentilhomme. Il relève le défi, sachant qu’en cas de succès sa position et celle des siens à la Cour seront confortées, et sa fortune faite. Et décide donc de partir chercher les plus beaux feux d’artifice du monde là même où ils ont été inventés : en Chine, à Beijing !
Une folle équipée, à cette époque où l’empire du Milieu demeurait très mal connu et où, pour l’atteindre en bateau (depuis Marseille via Lisbonne, Sainte-Hélène, le cap de Bonne-Espérance, Mombasa, Goa et Macao), il fallait pas moins de huit mois. Mais, pour l’aider, Amédée dispose d’un atout capital : son oncle, Gaspard de Porcel, un comte aventurier qui a un temps vécu en Chine où il s’est fait un ami précieux, Giacomo Xu, converti par les Jésuites, devenu ministre de l’empereur Wan Li. Gaspard accepte de quitter à nouveau son château provençal et sa fille Clémence, sans doute à jamais, parce que, fou de corrida, il a décidé d’importer le noble art à Beijing. Il emmène d’ailleurs avec lui sept toros et tout un équipage.
On se doute bien qu’après des aventures et des tribulations aussi nombreuses que cocasses l’oncle et son neveu, entre-temps initié à la science pyrotechnique par le meilleur maître chinois, exécuteront parfaitement leurs desseins. Et que le royal feu d’artifice sera un triomphe. Un seul pincement au cœur, pour Amédée : avoir dû renoncer à Li Ming, la sensuelle princesse avec qui il connut des nuits aussi torrides que particulières… On n’en dira pas plus. J.-C. P.