Comme l'a rappelé lors de sa première intervention Jean-Guy Boin, le directeur général du Bief, selon les derniers chiffres disponibles, les éditeurs français ont signé en 2013, 636 contrats de traduction du français vers le portugais dont 383 spécifiquement au Brésil, ce qui fait du pays invité du prochain Salon du livre de Paris, du 19 au 23 mars, un partenaire important dans les échanges de droits. Le Bief consacre d'ailleurs le numéro 96 de sa Lettre à ce marché.
Parmi ces traductions, plus d'un tiers des titres (35,8 %) sont des essais et documents, suivi d'ouvrages pour la jeunesse (25 %) et de littérature (11 %). C'est pourquoi, dès mardi après midi, une présentation a été consacrée à la production et aux marchés respectifs en sciences humaines et sociales.
Paul Garapon, conseiller éditorial des Presses universitaires de France, a dressé un tableau du secteur en France tandis que José Castilho Marques Neto, président de l'UNESO (Presses de l'université de l'Etat de Sao Paulo) a présenté la situation brésilienne. Sa maison est notamment l'éditrice de O horror econômico (L'horreur économique), de Viviane Forrester, qui s'était placé à l'époque de sa publication dans les listes de meilleures ventes au Brésil comme en France. Plusieurs auteurs de sciences humaines réalisent de bonnes ventes au Brésil, tel dernièrement Thomas Piketty, dont O Capital no século XXI s'est écoulé depuis sa parution à plus de 50 000 exemplaires.
Les forces et faiblesses du marché brésilien ont été abordées en ouverture de ces deux jours de réflexion par Marcos da Veiga Pereira, directeur du groupe Sextante et président du Syndicat national des éditeurs de livres (SNEL). Selon les chiffres du SNEL, l'édition brésilienne a généré en 2013 un chiffre d'affaires de 5,35 milliards de reais, soit 1,87 milliard d'euros. S'il existe plus de 3 000 points de ventes de livres dans le pays, 16 % d'entre eux, dont les succursales de Saraiva ou de la Fnac, réalisent 76 % des ventes. Les ventes en ligne représentent 15 % du marché, et Amazon s'est lancé à la conquête du marché brésilien en août dernier.
Cependant, 27,5 % du chiffre d'affaires de l'édition est réalisé grâce aux achats gouvernementaux, "une dépendance qui n'est pas saine" a noté Marcos da Veiga Pereira. De plus, ces dernières années, le pays a subi une forte inflation (6 %) et une faible croissance (1,8 %). La conséquence pour le marché du livre a été la stagnation des ventes et l'impossibilité d'augmenter les prix pour suivre le taux d'inflation, ce qui a provoqué une réduction des marges des éditeurs ainsi que des libraires.