Vous venez de lancer une Web TV, Whoozart (1). N'est-ce pas un peu éloigné de votre métier ?

Contrairement à l'édition de littérature, l'éditeur d'art ne publie pas directement l'oeuvre mais sa reproduction. Dès le départ, il est le médiateur qui amène le public à la création. Depuis soixante ans, notre métier repose donc sur la médiation. Quand Picasso a créé cette maison, le média était alors le livre. Nous essayons d'évoluer car les modes de médiation artistique se sont fortement diversifiés. De nos jours, Internet est le premier moyen d'accès à l'information.

Pourquoi s'ajouter à l'offre actuelle de médias ?

Aujourd'hui, la presse traditionnelle diminue la place accordée au livre, surtout celui d'art. Le modèle traditionnel de propagation de l'information est saturé et les journalistes reçoivent trois cents fois la quantité qu'ils peuvent traiter.

Comment allez-vous alimenter les six programmes de Whoozart ?

J'ai noué un partenariat technique avec Web TV Culture. Et en interne, une de nos collaboratrices, Aurore Schwartz, présentera chaque mois un journal des expositions, le "mag-expos". Il s'agit d'un travail de pédagogie et pas uniquement de promotion. Les actualités présentées n'ont pas forcément un lien avec la production de la maison. Pour ma part, j'anime une fois par mois un débat entre des personnalités du monde de l'art, à commencer par Guillaume Durand et Luc Ferry, sur un sujet d'actualité. "En librairie" regroupe tous les teasers promotionnels autour des livres du Cercle d'art. Et les émissions "Atelier", "Galeries" ou "Vie d'artiste" sont des contenus audiovisuels que nous proposons depuis quelques années aux galeries et aux musées, en plus des catalogues que nous réalisons. Car si la place du livre ne recule pas et qu'il reste nécessaire pour affirmer sa place dans l'histoire de l'art, nous assistons actuellement à une personnalisation de l'artiste. L'oeuvre ne suffit pas, il faut incarner son créateur.

La production télévisuelle coûte cher, comment la financez-vous ?

Certains de nos produits sont vendus aux galeries. Nous avons aussi des partenaires privés comme l'horloger Richard Mille ou le comité d'entreprise d'EDF-GDF, la CCAS, qui nous offre un vaste potentiel de spectateurs

(1) Voir Livreshebdo.fr.