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Le droit de la littérature repasse en revue

Le droit de la littérature repasse en revue

La deuxième livraison de la Revue Droit & Littérature est aussi dense que le numéro inaugural.

J’avais déjà chroniqué ici, avec un peu de légitime acidité à propos de la forme, la première livraison de la passionnante, sur le fond, Revue Droit & Littérature, publiée par les éditions LGDJ.

Les liens entre le droit et la littérature remplissent en effet les colonnes des journaux plus ou moins spécialisés, font l’objet de livres copieux, se déclinent en colloques et journées d’étude : de la réédition des pamphlets de Céline aux déboires judiciaires de l’autofiction. Une revue était indispensable, malgré les délais extrêmement longs entre la rédaction des articles et leur parution – ce qui fait dire, en mars 2018, à un éminent et très réactif rédacteur « au moment où nous écrivons ces lignes, les jurés du prix Goncourt viennent de sélectionner, les quinze romans en vue de la remise, le 6 novembre, du prix littéraire français le plus prestigieux », et d’enchainer, avec une certaine prémonition, sur Chanson douce de Leila Slimani.

C’est dans ce cadre bouillonnant, sur fond de procédures en augmentation constante – Christine Angot, Edouard Louis, Régis Jauffret, et tant d’autres encore -  qu’est né ce nouveau périodique annuel. Son rédacteur en chef, Nicolas Dissaux, est Professeur à l'Université de Lille 2 (et par ailleurs avocat au barreau de Paris). Évoquant le droit comme la littérature, il se déclare « passionné de l'un et de l'autre » et « persuadé qu'un tel support intéressera non seulement les juristes mais aussi les lettrés. » Il s'agit, pour lui, d'« envisager l'ensemble des rapports que Droit et Littérature sont susceptibles d'entretenir : non seulement le droit dans la littérature, mais aussi le droit comme une forme de littérature ou encore le droit de la littérature ».

La deuxième livraison est aussi dense que le numéro inaugural - auquel, par bon goût, stratégie ou réel intérêt intellectuel, il m’avait été demandé de contribuer : et, par souci de montrer mon indépendance, je vais d’ailleurs être bien moins mordant avec ce deuxième numéro dont je suis absent.

Le thème de cette saison porte sur « Victor Hugo et le droit ». Il y est question des magistrats, de la peine de mort, du bagne, des Travailleurs de la mer ou encore de L'Homme qui rit, ce qui nous réjouit tant l’immense écrivain, sénateur et exilé, a commenté et la loi et le droit. Sans compter son rôle dans l’élaboration des plus grands traités sur le droit d’auteur.

Reprenons le sommaire : au titre des variétés, défilent notamment des textes des si agréables Mathieu Simonet et de François Ost.

En revanche, un entretien avec le professeur Heike Jung intitulé Regard sur le juge d'instruction et la littérature, est assez déceptif puisqu’il écarte en un paragraphe les incontournables livres de Ferdinand Von Schirach, parus en français chez Gallimard.

Michel Vivant, Jean-Michel Bruguière, Lionel Miniato sont heureusement là, juste ensuite, pour rattraper cet entretien franco-allemand manqué.

Un tarif en forte baisse

L’an passé, rédacteur bénévole – comme tous les auteurs qui se sont rebellés, à juste titre, contre l’absence totale de rémunération en contrepartie de leurs interventions à Livres Paris -  je regrettai le prix ahurissant de la revue, de soixante euros l’unité.

Un réel effort pour la rendre véritablement accessible aux écrivains et aux étudiants a été engagé, puisque le deuxième numéro est facturé au lecteur 25 euros, soit une baisse presque vertigineuse, démontrant qu’« il y avait de la marge ».

Saluons le geste d’Emmanuelle Filiberti, P-DG de Lextenso (dont LGDJ est une marque), éditrice intelligente et intelligible, soucieuse de faire connaître et de vulgariser les rapports continus que le droit et la littérature continueront à coup sûr d’entretenir.

Longue vie, donc, désormais, à la Revue Droit & Littérature, et aux mannes du Père Hugo.
 

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