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Le Festival VOVF met en lumière la richesse des langues minorisées

Le festival VOVF a eu lieu du 2 au 4 octobre à Gif-sur-Yvette. - Photo ©Cécilia Lacour/Livres Hebdo

Le Festival VOVF met en lumière la richesse des langues minorisées

Organisé du 2 au 4 octobre à Gif-sur-Yvette, le festival VOVF a fait découvrir des langues méconnues ou minorisées comme le tchouktche, le persan, le hongrois ou l’hébreu. 

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Par Cécilia Lacour
Créé le 06.10.2020 à 23h00

Le coronavirus n’a pas eu raison du festival VOVF. Avec une fréquentation volontairement réduite de moitié pour respecter le protocole sanitaire, la manifestation s’est déroulée du 2 au 4 octobre à Gif-sur-Yvette (Essonne). Autour du thème "Traduire le monde", elle a notamment mis en lumière des langues rares ou minorisées dans l’édition française. 

A commencer par le tchouktche. Le peuple tchouktche vit dans le nord-est de la Sibérie et comptait 15000 personnes en 2010. Au contact des Russes, les Tchouktches ont peu à peu perdu l’usage de leur langue. "Envoyés en internat où ils apprenaient le russe, les enfants ne voyaient leurs parents qu’en été. Seuls les anciens connaissent aujourd’hui la langue", explique Charles Weinstein au cours d’une table ronde sur les littératures de l’Arctique. Né en 1933, Charles Weinstein a enseigné le russe dans un lycée de Perpignan jusqu’en 1993, date de sa retraite. 

Travail de restitution 

Au début des années 1990, il découvre un peu par hasard le peuple tchouktche. Séduit par leur accueil, il s’installe à Anadyr de 1993 à 2002. Il y rencontre celle qui deviendra son épouse, Zoïa Tagrina-Weinstein, spécialiste des chants traditionnels de son peuple. Cette dernière, aidée de quelques amies, apprennent la langue tchouktche à Charles Weinstein. Dès lors, l’enseignant entreprend un travail de restitution de la langue. 
 
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A partir de ses fiches d’apprentissage d’une "langue colossalement riche", il constitue un dictionnaire du tchouktche. Il commence aussi à traduire tout ce qui lui tombe sous la main comme Odeur de gel : poèmes tchouktches (Voix d’encre, 1995), Eleveur de rennes de Omruvié (Autrement, 2000), ou encore Tradition orale tchouktche : imaginaire d'un peuple du Grand Nord sibérien (L’Harmattan, 2018) qui rassemble des contes mettant en scène des animaux. En mars 2020, Autrement a réédité Peaux de phoque de Valentina Veqet. 

En voie de disparition 

Poésie, roman ou encore chanson… Rien ne lui échappe. Ou presque. Seuls "quelques papiers publiés dans de rares journaux locaux" n’ont peut-être pas fait l’objet d’une traduction par celui qui se définit comme "traducteur non professionnel". Pour "faire connaître ce peuple", Charles Weinstein a aussi publié son journal de bord Arctique extrême : les Tchouktches du détroit de Béring (Autrement, 1999) et Parlons tchouktche : une langue de Sibérie (L’Harmattan, 2010). 

La culture tchouktche a également été mise en lumière par l’écrivain Iouri Rytkheou, disparu en 2008 et traduit en France par Yves Gauthier, présent à la table ronde organisée par le festival VOVF. L'auteur de L’étrangère aux yeux bleus (Actes, 2002) ou Unna (Actes Sud, 2004) écrivait en russe, comme de nombreux auteurs tchouktche. Du fait de leur acculturation, les auteurs écrivant en tchouktche se comptent sur les doigts d’une seule main, à en croire Charles Weinstein. 
 

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