Près de 18 mois après son élaboration, le projet Biblioh ! voit le jour au Liban, permettant la distribution à moindre coup de 200 000 livres de jeunesse en français, imprimés sur place. Une opération inédite à cette échelle.
Avec l’appui de l’Institut français de Beyrouth, trois éditeurs et libraires libanais (les librairies et maisons d’édition Hachette Antoine, Orientale et Stephan) ont acquis les droits de 120 titres de littérature jeunesse auprès d’éditeurs français pour les produire sur place. Le Ministère des Affaires Etrangères, via ses « fonds spéciaux pour projets innovants », a participé à hauteur de 600 000€ pour le lancement sur deux ans du projet qui est censé être durable. 2 000 exemplaires de chaque titre, ciblé pour les 6-12 ans, doivent être imprimés et distribués au Liban.
Un meilleur bilan carbone
« Ces livres auront un bilan carbone évidemment meilleur que s'ils avaient été importés par bateau », se réjouit Mathieu Diez, attaché pour le livre et le débat d’idées à l’ambassade de France du Liban. « Ils seront également beaucoup moins chers à produire, feront travailler les entreprises locales, et pourront être proposés aux lecteurs libanais au tiers du prix d'un livre importé », poursuit-il, alors que le pays est en proie depuis 2019 à une succession de crises qui ont « paupérisé et éloigné de la culture et du livre nombre de Libanais ».
En parallèle, les trois librairies et maisons d’édition partenaires ont enrichi ces ouvrages d’une dimension numérique en y intégrant des contenus audios tels que des interviews d’auteurs, des podcasts et des livres audio.
A la moitié du prix français
L’auteur-dessinateur français Marc Boutavan, auteur de Chien pourri et Ariol notamment, parcourt la planète et notamment la Francophonie, à la rencontre de ses jeunes lecteurs. « Je reçois toujours un accueil extraordinaire, fait-il part dans une vidéo présentant le projet Biblioh ! sur les réseaux sociaux, mais je me suis aperçu qu’ils ne connaissaient mes personnages qu’au travers des dessins animés », déplore-t-il. Le dessinateur a également constaté « qu’au Maroc, le prix des albums est pratiquement multiplié par dix, lié à tout un tas de facteurs ».
Avec Biblioh !, quelque 211 titres jeunesse sont déjà disponibles à l’achat au Liban à la moitié du prix français, selon le média IciBeyrouth. Une application sera mise en ligne à partir de juin pour permettre le téléchargement des titres en audio et numérique. « Ce projet a pu naitre grâce au capital confiance des éditeurs français envers ceux libanais », précise Mathieu Diez, dans un pays où l'industrie du Livre est encore bien en place et particulièrement similaire à celle de l'Hexagone. « Nous souhaiterions que dans un an, les éditeurs français se rendent comptent que finalement, le marché de cession de droits vers le Liban est plus profitable que celui de l'exportation », conclut-il. Un modèle qui pourrait être dupliqué ailleurs dans les pays francophones.