Pendant l'été 2013 en effet, peu avant le forum de discussion franco-allemand organisé en septembre par l'Institut français et la Foire de Francfort qui avait donné lieu à une déclaration commune en faveur du maintien d'une économie raisonnée du livre à l'ère numérique, la Foire de Francfort avait demandé à la France d'être le pays invité d'honneur de son édition 2017. Pour la Foire, comme pour les pouvoirs publics allemands, il s'agissait de rapprocher encore davantage les professionnels du livre des deux pays dont les vues sont plutôt concordantes face à Bruxelles. La dernière présence de la France comme invitée d'honneur de la grande manifestation allemande remonte à 1989, pour le bicentenaire de la Révolution française.
Depuis, le dossier s'est enlisé, estime Yannick Poirier, qui considère que cette proposition ne doit pas être refusée. "Profitons de cette invitation pour montrer à une plus grande échelle la diversité de notre production, notamment en jeunesse et en bandes dessinées/romans graphiques auprès d’un public rajeuni (ce segment de la production représentant désormais le plus gros chiffre d’affaires en cessions), écrit-il dans la lettre ouverte transmise à Livres Hebdo. Au-delà du marché du livre, accepter d’être Invité d’honneur en 2017, c’est, devant le monde entier, consolider le socle franco-allemand sur lequel se construit l'Europe. C’est aussi célébrer le travail constant accompli par les femmes et les hommes de culture de nos deux pays en faveur d’une convergence des politiques de l’économie du livre (depuis le Traité de l'Élysée en 1964, jusqu'au Forum sur l'avenir du livre de Berlin en 2013 et le Forum de Chaillot en 2014)."
Pour Yannick Poirier, la mise à l'honneur de la France à la Foire du livre de Francfort, permettrait à la fois de construire "avec et par le livre" la France de demain, mais aussi de montrer que l'édition française “constitue l'un des secteurs majeurs de notre économie (première industrie culturelle à l'exportation), que tous les autres secteurs le tiennent en haute estime et qu’à ce titre ils sont fiers et heureux de l’accompagner à Francfort. En France rien ne survient qui ne devienne fait de culture et d'histoire par le livre : c’est là notre "marque de fabrique", il est temps de le réaffirmer. Francfort est le lieu de la plus grande audience pour ce message."
"Le sursaut qui permettrait au monde de l'édition, mais aussi au ministère de la Culture et de la Communication et à l'Elysée de cet étrange silence de plusieurs mois est à notre portée", veut croire Yannick Poirier qui attend "une réponse favorable de l'Elysée" parce que "le prestige international de notre édition mérite largement cet effort".