14 MARS - ROMAN Israël

Momo se souvient de l'époque, pas si lointaine, quand il avait 19 ans et effectuait son service militaire à l'état-major. Chaque vendredi midi, il allait rendre visite à sa grand-mère Yolanda. Le "petit-fils aîné" sifflait sous sa fenêtre, bien qu'il fût en possession de la clé de son modeste deux-pièces acheté dans les années 1950. Il la découvrait immanquablement assise dans son lit, l'embrassait sur les deux joues, puis s'asseyait sur le fauteuil réservé aux invités.

Yolanda, le premier roman traduit en France de Moshe Sakal, fouille les secrets d'une famille cosmopolite franchement pas comme les autres. Le narrateur, qui - parions-le - ressemble fort à l'auteur, est un jeune écrivain. Il a déjà signé un recueil de nouvelles qui reprend quelques éléments de l'histoire familiale. Momo raconte ici comment il a appris la mort d'oncle Edmond, qui avait eu une romance avec une Française dans les années 1970, et comment il a été confronté à la douleur de tante Havatselet. Née à Istanbul, celle-ci lui a confié que, enfant, il était "beau comme une belle petite fille", et aussi qu'elle a trouvé que son livre, c'était "de la merde" !

On en apprendra surtout un peu plus sur le compte de Yolanda Kenis, qui a grandi au Caire où elle a contracté la polio à l'âge de 2 ans. Une maniaque de l'hygiène qui aimait pourtant déjeuner au Burger Ranch avec ses quatre soeurs et s'y régaler de frites grasses. Une épouse qui un beau jour mit à la porte son mari, grand-père Georges, avec sa jambe en plastique et ses livres. Ce dernier, qui avait fait de la prison en Egypte, accusé d'espionnage à la solde d'Israël, trouva alors refuge chez les parents de Momo... Truculent et sensible, Yolanda brosse en creux le portrait d'un garçon qui se construit d'abord en regardant et en écoutant les êtres qui l'entourent. Jusqu'à ce qu'il trouve sa propre voie, s'envole pour Paris, puis regagne sa terre natale.

04.02 2015

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