13 février > Document Allemagne

Ulrich von Hutten (1488-1523), humaniste allemand de la Renaissance, mériterait soit une biographie moderne en français (la seule existante remonte à 1849 !), soit même un roman picaresque. Clerc en fuite du couvent de Franconie où il était élève, il fut à la fois étudiant et lansquenet, en Allemagne et en Italie, avant de revenir dans son pays, de participer à de violentes polémiques politiques et morales, de se faire luthérien. Quoique à un moment poète "officiel" de l’empereur Maximilien Ier, il a dû se réfugier en Suisse, non loin de Zurich, où il est mort à 35 ans d’une syphilis contractée à Padoue en 1513. Le jeune Ulrich, victime de son "intempérance", l’a attrapée, tout comme son père avant lui. Au terme de souffrances atroces, il était persuadé d’en être sauvé, en 1518-1519, lorsqu’en quelques semaines il rédigea son De guaiaci medicina et morbo gallico. Un ouvrage au ton personnel - pour "guérir", le patient devait suivre une cure de quarante jours à base de diète, de chasteté, puis devait mener une vie hygiénique, faire du sport, etc. - et son tragique final. Alors qu’auparavant les malheureux atteints de la syphilis étaient traités à l’aide de mercure (ou vif-argent), les médecins de la Renaissance le remplacèrent un temps par le gaïac officinal, ou "bois de vie", découvert par les conquistadores. L’arbre guayaco est un résineux qui pousse aux Antilles et en Amérique centrale. Mais on sait aujourd’hui qu’il ne soigne pas la vérole. Pour ça, il a fallu attendre la pénicilline.

Ulrich von Hutten, lui, est mort persuadé d’être guéri, souhaitant à son protecteur, le Prince-électeur archevêque de Mayence, de "rester longtemps en bonne santé". Espérons que ce prélat-là n’était pas "intempérant".

J.-C. P.

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