Le manga fait forte impression

Le manga fait forte impression

Avec ses gros tirages et sa production foisonnante et régulière, la bande dessinée japonaise est un enjeu économique pour les imprimeurs, qui s'y intéressent vraiment depuis cinq ans. Reportage chez Hérissey, leader cette année sur le secteur.

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Par Anne-Laure Walter
avec Créé le 12.02.2016 à 19h00

1. Du stockage du papier au jaquettage, toutes les étapes sont effectuées à Herissey afin de réduire les délais et d'avoir une forte réactivité pour les réimpressions. Première étape, une fois reproduites sur des plaques offset, les pages int- Photo ANNE-LAURE WALTER

Un tiers des mangas vendus en France sont aujourd'hui fabriqués chez Hérissey. Cette imprimerie située à Evreux (Eure) a parié sur la bande dessinée japonaise dès 2004 en signant un premier contrat avec Kana, pressentant le potentiel de ce secteur en plein développement avec des tirages importants et réguliers. Depuis, Hérissey n'a cessé de s'équiper pour répondre à cette clientèle bien particulière. Aujourd'hui la liste des éditeurs faisant appel à ses services a bien gonflé : Asuka, Doki-Doki, Glénat, Kana, Kazé, Kurokawa, Tonkam... Ce pari réussit à l'entreprise puisqu'elle réalise près de la moitié de son chiffre d'affaires grâce aux mangas, qui représentent plus de 60 % des titres sortant chaque année de ses machines.

120 000 VOLUMES EN UN JOUR

2. Une fois les bandes de textes imprimées, elles sont découpées. L'imprimeur dispose d'une machine pour plier tous les cahiers imprimés. Ils sont ensuite assemblés, massicotés et reliés. - Photo ANNE-LAURE WALTER

Et des machines, il a fallu en acheter plusieurs, et même en inventer ! Hérissey ne sous-traite pas, assurant toute la chaîne graphique en interne. L'imprimeur a d'ailleurs investi fin avril dans une nouvelle presse, KBA Rapida 105, inaugurée en présence de plusieurs clients qui avaient fait le voyage de Paris dans un car affrété pour l'occasion. "Nous pouvons désormais réaliser des jaquettes avec un niveau de chromie jamais atteint à l'imprimerie Hérissey, se félicite le directeur commercial, Gilles Mure-Ravaud. Cet investissement était capital, sinon nous aurions mécontenté nos clients au risque de les perdre." 74 personnes travaillent sur le site d'Evreux, dirigé depuis six mois par Matthieu Jolibois. Et, lors des pics de production, comme ces jours derniers avec l'approche de Japan Expo, trois équipes se relaient, 24 heures sur 24. Certaines machines peuvent même fonctionner le samedi. Et, en cas d'urgence, l'imprimerie peut produire jusqu'à 120 000 volumes en une journée.

3. Les cahiers sont stockés en attendant d'être reliés puis recouverts de leur jaquette. Une machine imprime feuille à feuille les jaquettes en couleur, qui seront ensuite passées à la pelliculeuse. - Photo ANNE-LAURE WALTER

Si les éditeurs japonais et leurs partenaires français sont exigeants sur la qualité d'impression, ils ne sont pas non plus paranoïaques sur la confidentialité. Aucune clause n'est signée. "Ce n'est pas Harry Potter non plus", rappelle Gilles Mure-Ravaud, qui travaillait chez CPI au moment de la parution du dernier tome de la saga de J. K. Rowling. Mais le personnel ne sort jamais de l'usine avec une nouveauté, et, par respect pour les clients, lorsqu'un éditeur vient signer son BAT, il arrive souvent que les piles des mangas des concurrents soient recouvertes d'une housse noire pour préserver le secret jusqu'au dernier moment.

4. Les volumes vont passer dans la toute dernière machine: la « jaquetteuse ». Elle a été inventée par l'imprimeur avec un constructeur pour pouvoir plier et poser les jaquettes, une tâche qui se faisait jusqu'alors à la main.- Photo ANNE-LAURE WALTER
12.02 2016

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