ITALIE

Le marché italien du livre chute

Le marché italien du livre chute

Dans une Italie en crise, le marché du livre 2012 est en récession (- 8,4 %) et les librairies perdent du terrain, quand elles ne ferment pas.

Par Claude Combet
avec Créé le 15.04.2015 à 20h04

« 2012, annus horribilis » a déclaré l'Association des éditeurs italiens, lors de la conférence de presse à Francfort le mercredi 9 octobre, qui a insisté « sur l'urgence de mettre en place une politique de soutien pour le livre ». Selon les statistiques Nielsen, le marché du livre de la péninsule chute à 3,1 milliards d'euros (2,86 milliards si on exclut les produits non livres), soit une baisse de 6,3 % en 2012, et de 8,4 % si on enlève la papeterie et autres gadgets. La baisse devrait se poursuivre en 2013 : pour les 8 premiers mois de l'année, le marché serait en recul de 5,4 % pour les canaux traditionnels par rapport à la même période de 2012 et de 13,6 % par rapport à 2011.

Tous les secteurs affichent une diminution en 2012 :  - 1,1 % pour la fiction (les romans italiens sont en chute de 5,8 % alors que les romans étrangers sont en hausse de 2 %) ; - 9,2 % pour les essais et documents ; - 6 % pour le secteur jeunesse (qui représente quand même 14,1 % du marché), - 7,1 % pour les ouvrages professionnels.

En baisse de 7,8 % en 2012, les réseaux traditionnels de vente - librairies, grande distribution, ventes en ligne - perdent du terrain, tandis que s'écroulent les autres canaux d'approvisionnement (abonnements, ventes en kiosque, clubs, export, ventes aux bibliothèques) à - 16,8 %. Les librairies « physiques » (73 % des ventes en 2012 au lieu de 79 % en 2009) reculent au profit de la vente en ligne qui de 3 % en 2008 représente désormais 11 % des ventes, voire 13 % si on inclut les titres numériques.

Si la production est stable — 61 000 titres —, les volumes (- 19 % avec 220 millions d'exemplaires imprimés), tirages et prix moyens (- 3 %) sont en diminution. Les traductions sont aussi moins nombreuses : de 25 % en 1995 et 23 % en 2000, elles sont passées à 20 % en 2012. Tandis que l'offre numérique est plus importante : 21 300 titres numériques ont été publiés en 2012 (+ 73 % par rapport à 2011) et représentent 6 % des publications contre 1 % en 2010. Les ventes ont suivi : malgré une conjoncture difficile, le numérique représente entre 1,8 % et 2 % du marché italien.

« Nous sommes en pleine crise et la filière toute entière souffre » a commenté Marco Pollilo, président de l'AIE (Associazione Italiana Editori), qui a ajouté : « En deux ans, la facturation a chuté de 14 %, les librairies ferment, la crise des liquidités s'agrave. Si elle touche déjà les librairies, à terme ce sont la distribution et les maisons d'édition qui sont en danger. Même l'export affiche une baisse de 10 % préoccupante ». Un plan de promotion de la lecture, un taux de TVA pour le numérique, une défense de la librairie (notamment pour « affronter les librairies en ligne installées au Luxembourg »), un soutien aux bibiothèques, la défense du droit d'auteurs... Marco Polillo, plus vindicatif qu'à son habitude, veut mobiliser les pouvoirs publics italiens, s'appuyant sur l'exemple français, et réclame un engagement européen. 

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