7 mai > récit Etats-Unis

Bill Bryson- Photo JULIAN JAMES/PAYOT

Né à Des Moines, Iowa, Bill Bryson est un brillant "écrivain voyageur d’intérieur", pour reprendre le mot de son éditeur français, Mario Pasa, qui estime que l’Américain a autant "d’esprit que de curiosité d’esprit". Après avoir signé Une histoire de tout, ou presque… (Payot, 2007, repris en "Petite bibliothèque Payot") ou Promenons-nous dans les bois (Payot, 2012, repris en "Petite bibliothèque Payot"), il est de retour avec une ambitieuse et savoureuse Histoire du monde sans sortir de chez moi.

Notre homme habite un ancien presbytère anglican d’un village paisible et anonyme du Norfolk, non loin du bourg de Wymondham. Un havre "plein de coins et de recoins, avec un toit irrégulier, des pignons à bordures et de coquettes cheminées de style prudemment gothique". "La maison n’est pas un refuge contre l’histoire. C’est le lieu où l’histoire aboutit", prétend-il. Un jour, lui est venue l’idée de se pencher le temps d’un livre "sur les choses banales de la vie, de les remarquer, pour une fois, et de les traiter comme si elles aussi étaient importantes".

Bryson ne faisant rien comme tout le monde, il commence par nous entretenir du bâtiment le plus audacieux et le plus emblématique à l’aube des années 1850 : le Crystal Palace, à Londres, dont la réalisation a été confiée à un jardinier et dont la construction demanda quinze semaines. Juste avant l’ouverture de l’Exposition universelle qui marqua un tournant décisif tant au niveau sanitaire que social. Le lecteur se régale ensuite d’anecdotes sur une série d’ecclésiastiques marquants, sur le passé de l’humanité ou sur la pomme de terre. Avant de commencer la visite du presbytère par le hall, jadis la pièce la plus importante de la maison et aujourd’hui tombée bien bas.

L’arrivée dans la cuisine est l’occasion d’évoquer Samuel Pepys et le frelatage de la nourriture ainsi que l’appétit victorien et le véritable "âge d’or de la gloutonnerie". Ne pas non plus se priver d’un détour par l’arrière-cuisine et le cellier, un petit panorama du monde des domestiques dont le travail était dur et les journées interminables. Bryson ne néglige pas non plus le tableau électrique, le génie de Thomas Edison et une Mrs Cornelius Vanderbilt qui se rendit à un bal costumé déguisée en ampoule. Le salon, lui, permet d’appréhender l’esprit du confort.

Quant à la salle à manger, elle offre à notre guide une digression sur le sel et l’affirmation que "l’histoire du monde moderne est en grande partie celle des épices". Ne parlons pas de la cave, du bureau ni du jardin qui sont de nouveaux moments d’érudition joyeuse. On l’a compris, Une histoire du monde sans sortir de chez moi est le volume idéal pour qui veut cet été se cultiver en se délectant ! Alexandre Fillon


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