27 OCTOBRE - BIOGRAPHIE France

Simone Signoret dans Les diaboliques (1955) d'Henri-Georges Clouzot.- Photo DR

C'était notre Hitchcock. Les cinéphiles auront mis bien du temps à s'en persuader. Et pourtant. Culpabilité, honte, obsessions torturantes, désirs malades, haine de soi, misogynie flamboyante, le grand-guignol du gosse de riches niortais ne le cédait en rien à celui du vieil enfant trop gros des collines de Bel Air. Il était odieux et attachant. On racontait sur son compte toutes sortes d'horreurs, et il en a filmé quantité d'autres qui forment un chapelet de magnifiques cauchemars où les âmes sont noires et les nuits blanches. La postérité, qui depuis le 12 janvier 1977, jour de la mort du cinéaste, joue avec lui au chat et à la souris, finira-t-elle par être gentille fille avec Henri-Georges Clouzot ? Nul ne sait, mais si les conclusions du procès en révision qu'elle instruit sur le "cas Clouzot" venaient à lui être favorables, nul doute que José-Louis Bocquet et Marc Godin auraient leur part de responsabilité.

Flâneur impénitent des lettres françaises, dispersé comme seuls peuvent l'être les enfants trop doués, Bocquet est le filleul de Clouzot. Le livre qu'il nous propose aujourd'hui avec son complice (en réalité, une nouvelle version largement remaniée et enrichie d'un ouvrage précédent) est bien plus et bien mieux qu'un hommage filial. C'est un modèle de biographie intellectuelle à l'aune de l'oeuvre. Il en ressort un auteur du Corbeau ou de Quai des Orfèvres non moins terrifiant et fascinant qu'on ne le pensait, mais plus humain (trop humain ?). Le Paris des comédiens, du marché noir, de la débrouille et des amours de peu y déploie ses atours, Simenon ou Picasso ne font que passer, Jouvet s'en va, Bardot arrive et le démiurge Clouzot a mauvaise mine.

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