Le P-DG d'Hachette Livre mis en cause par un cabinet d'avocats américain

Olivier Dion

Le P-DG d'Hachette Livre mis en cause par un cabinet d'avocats américain

En s'appuyant sur des propos d'un cadre d'Amazon, le cabinet d'avocats à la tête du procès collectif pour entente sur les prix des livres numériques affirme qu'Arnaud Nourry s'est impliqué dans l'opération.

Par Hervé Hugueny
avec hh Créé le 15.04.2015 à 21h52

Au cours d'une rencontre avec un cadre d'Amazon en 2009, Arnaud Nourry, P-DG d'Hachette Livre, aurait indiqué que si le site de commerce en ligne remontait les prix des livres numériques à 11,99$ ou 12,99$, cela permettrait de résoudre le «problème» que posait la tarification à 9,99$, selon un complément d'assignation (voir pdf ci-dessous) déposé le 20 janvier par Hagens Berman, cabinet d'avocats à l'origine d'un procès collectif aux Etats-Unis pour entente sur le marché des ebooks.

Hachette ne fait aucun commentaire sur cette affaire et cette nouvelle affirmation, indique le service de communication du groupe.

Basé à Seattle, où se trouve également le siège d'Amazon, ce cabinet d'avocats connu pour avoir engagé de nombreuses procédures collectives (class action), avait déposé en août 2011 (voir second pdf ci-dessous) une assignation accusant Apple ainsi que les groupes Hachette, Harpercollins, Macmillan, Penguin et Simon & Schuster de s'être entendus pour augmenter le prix des livres numériques, dans le cadre de contrats d'agence imposés aux revendeurs.

Amazon était clairement visé. Le cybermarchand avait lancé son Kindle en novembre 2007, en pratiquant une tarification très agressive des best-sellers, bradés à 9,99 dollars en version numérique, pour inciter ses clients à s'équiper de sa liseuse numérique. Les éditeurs s'étaient très vite inquiétés de cette tarification, qui bousculait la commercialisation des mêmes livres vendus en grand format à 25 ou 30$, et relevait de la vente à perte par Amazon, pratique toutefois non interdite aux Etats-Unis.

Deux ans après ce lancement, Arnoud Nourry aurait rencontré un cadre d'Amazon, le 3 décembre 2009 au cours d'un petit-déjeuner, en lui demandant si son entreprise restait sur ses positions à propos de la tarification des livres numériques, qui posait «un gros problème à l'industrie», selon le complément d'assignation. «Avant cette recontre, affirme le cabinet, M. Nourry avait discuté avec d'autres représentants de l'industrie d'un prix concernant les livres numériques vendus sur Amazon» qui conviendrait aux groupes d'édition visés dans la plainte.

«Les propos de M. Nourry indiquent clairement que les éditeurs discutaient de tarification»

«M. Nourry a déclaré que, en fonction des échanges avec d'autres revendeurs, ils [les éditeurs] seraient satisfaits si les prix des livres numériques étaient remontés à 11,99 ou 12,99$», ajoute l'assignation, qui repose à l'évidence sur le témoignage du cadre d'Amazon.

«Les propos de M. Nourry indiquent clairement que les éditeurs discutaient de tarification et seraient satisfaits d'une base stabilisée au lieu de prix fixés par la concurrence», commente le cabinet.

Le ministère américain de la justice a déclaré qu'il enquêtait également sur ce dossier. Le 6 décembre dernier, la Commission européenne a aussi annoncé l'ouverture d'une «procédure formelle d'examen afin de déterminer si les éditeurs internationaux Hachette Livre (Lagardère Publishing, France), Harper Collins (News Corp., états-Unis), Simon & Schuster (CBS Corp., états-Unis), Penguin (Pearson Group, Royaume-Uni) et Verlagsgruppe Georg von Holzbrinck (qui détient notamment Macmillan, Allemagne) se sont livrés, probablement avec l'aide de Apple, à des pratiques anticoncurrentielles affectant la vente de livres électroniques dans l'Espace économique européen (EEE) et ont, de ce fait, enfreint les règles de concurrence de l'UE».

Déclenchée en mars 2011, une autre enquête de la DG Concurrence de la Commission, que le monde du livre estime inspirée par Amazon, vise également cinq groupes français (Albin Michel, Flammarion, Gallimard, Hachette Livre, La Martinière).

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