Auteur chez Dargaud d'un thriller en trois volumes publiés entre 2010 et 2011, Metropolitan, Laurent Bonneau bascule à l'autre extrême dans le récit intimiste. Sous un titre improbable, il livre avec grâce une histoire très simple dans laquelle il cadre au plus près un jeune entraîneur de tennis de table saisi, sur une seule journée, à un tournant de sa vie personnelle et professionnelle. Max est quitté par son amie à trois jours de son départ pour un important tournoi en Chine avec les jeunes champions qu'il entraîne. Quatre séquences emboîtées - réveil, entraînement, trajet en bus avec une collègue, promenade avec son frère - vont le faire évoluer peu à peu. Dans un mouvement qui n'est pas sans rappeler celui du ping-pong, ou la dialectique du yin et du yang qui imprègne ses pratiquants chinois, Max va passer d'un état à un autre, du début à la fin d'une histoire, à moins que ce ne soit le contraire.
Distillé avec parcimonie, le texte a sa part dans l'entreprise. Il est fait de réminiscences, de bribes de dialogues, de SMS parfois, auxquels Laurent Bonneau attribue une couleur correspondant à son émetteur. Il circule comme la balle sur une table de jeu, pour se poser délicatement sur des planches dans lesquelles les émotions passent avant tout par la vivacité des teintes, leur forme et leur agencement. Aplats et dégradés, aquarelles dont on perçoit l'imprégnation humide... Le jeune dessinateur - il est né en 1988 - combine avec fluidité les techniques et les styles. En affichant une maîtrise prometteuse.
