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Le plus proustien des Japonais

Kazuyoshi Yoshikawa, le traducteur de Proust en japonais. - Photo Olivier Dion

Le plus proustien des Japonais

La publication ce mois-ci au Japon du dernier volume d'A la recherche du temps perdu, de Marcel Proust, dont il est le traducteur de la troisième réédition, marque l'aboutissement de la carrière de Kazuyoshi Yoshikawa. _ par

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Par Isabel Contreras
Créé le 24.10.2019 à 22h58

C'est un passionné de Sartre et de Camus qui signe en octobre la fin de la troisième réédition en japonais d'A la recherche du temps perdu. Kazuyoshi Yoshikawa, 71 ans, a dédié sa carrière à Marcel Proust. Cet originaire d'Osaka a traduit, durant 13 années, l'œuvre la plus importante de l'écrivain français. Il a publié 14 volumes en format poche dont le dernier volet paraît en octobre chez Iwanari, « l'homologue de Gallimard au Japon », précise ce retraité dans un français parfait lors d'une rencontre dans une brasserie parisienne.

Les troisièmes épreuves, il les a peaufinées l'été dernier, depuis sa maison en bordure du lac Yamanaka, au pied du mont Fuji. C'est de là-bas qu'il a révisé le travail effectué par son mentor, Kyaichiro Inoué, l'un des premiers traducteurs de Proust au Japon, décédé en 1999. « Etudiant à l'université de Tokyo, j'ai découvert Proust lorsque je passais ma licence de littérature française. J'ai été ému par la finesse de ses descriptions mais aussi par la profonde complexité de son analyse psychologique », raconte-t-il.

« Pas copain des virgules »

La richesse de cette troisième réédition réside dans les nombres annotations, environ 400 par volume. « J'ai dû remettre en contexte plusieurs situations, comme l'affaire Dreyfus, mais aussi des termes qui auraient pu être mal compris par les Japonais. Par exemple, lorsque le baron de Charlus se fait flageller dans une maison close. Proust décrit une situation « sadique » alors qu'il s'agit d'un « plaisir masochiste », souligne-t-il.

Le traducteur nippon a porté une attention toute particulière à la ponctuation. « Proust n'était pas copain des virgules. J'ai respecté ses longues phrases et la syntaxe à la française mais j'ai fait en sorte de rendre la lecture accessible au plus grand nombre. J'ai également gardé tous les noms propres dans leur version phonétique », poursuit-il. Pour rendre encore plus attractive l'œuvre de Proust aux yeux des Japonais, Kazuyoshi Yoshikawa a décidé de publier cette nouvelle édition accompagnée d'illustrations. Le premier volume s'est écoulé à 38 000 exemplaires. Expert international, invité par la Sorbonne en juin, Kazuyoshi Yoshikawa a aussi participé en mai au Printemps proustien, événement littéraire organisé à l'occasion du centenaire du prix Goncourt attribué à Proust.

24.10 2019

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