Sur la route de Lille/4

Le Préau à Metz : "Déborder d’imagination"

Le plafond de La Cour des grands est entièrement décoré par une trentaine de coups de cœur de l’équipe. - Photo cécile charonnat

Le Préau à Metz : "Déborder d’imagination"

La quatrième étape de notre traversée de la France des libraires en direction de Lille conduit Livres Hebdo à Metz chez Julie Even, héritière d’une lignée de libraires, qui a repris en 2009 Le Préau et La Cour des grands.

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Par Cécile Charonnat
Créé le 12.06.2015 à 19h30

Partager des expériences et voir ce qui se fait dans d’autres villes", voilà ce qu’attend en priorité Julie Even des 3es Rencontres nationales de la librairie prévues à Lille les 21 et 22 juin, et en particulier de leurs ateliers pratiques. Mais la directrice des deux librairies messines, Le Préau, spécialisée jeunesse, et La Cour des grands, va aussi y chercher une sorte de confortation. "On ressort toujours gonflé à bloc de ce genre de manifestation, avec le sentiment que puisque les autres y arrivent, il n’y a pas de raison pour que nous ne trouvions pas, nous aussi, des solutions. D’ailleurs, on y puise souvent de bonnes idées."

Il y a deux ans, la libraire était repartie de Bordeaux avec la conviction qu’un site commun marchand pour ses deux magasins, finalisé cet automne, constituait une nécessité à côté de ses deux blogues et de ses pages Facebook. "Cette présence sur le Net est certes chronophage, mais sans elle, on n’est plus dans le mouvement et on donne l’impression de stagner. Or, dans notre profession, on ne peut pas rester sur ses acquis. Il faut sans cesse déborder d’imagination, sur tous les fronts."

 

Surprendre les clients

Héritière d’une lignée historique de libraires, fondateurs au XIXe siècle de l’imprimerie Even devenue au fil du temps la plus grosse librairie de Metz et revendue en 1993 à la famille Hisler, alors qu’elle avait 15 ans, Julie Even manifeste dès son entrée dans le métier beaucoup d’inventivité. Après un détour par le droit, elle arrive en 2007 au Préau, créé en 1980 par Pierrette Mathieu et Irène Mausiet, et en reprend officiellement les rênes en 2009 alors que la librairie s’est enrichie d’une succursale, La Cour des grands, dédiée aux adultes. "Le challenge consistait alors à améliorer l’offre, à gagner des clients et des parts de marché et à augmenter le chiffre d’affaires tout en réduisant les charges, se souvient Julie Even. Il nous en a fallu de l’imagination." Depuis, elle cultive sa créativité pour surprendre ses clients, de l’animation de ses rayons avec un art consommé pour préparer la sortie d’un livre à l’aménagement de ses lieux avec la création en 2012, lors du déménagement de La Cour des grands, d’un plafond entièrement "décoré" par une trentaine de coups de cœur de l’équipe.

Aujourd’hui bien installée et solide financièrement, la libraire doit toutefois remobiliser sa créativité pour affronter de nouveaux enjeux : la baisse "brutale" des budgets des collectivités, dont dépend à 40 % Le Préau, et l’offensive de sa concurrente, Simone Hisler. A l’emplacement de l’ancienne librairie Geronimo, située juste en face de ses propres locaux, la directrice de Hisler-Even a ouvert fin mai un espace jeunesse baptisé En face. "Autant il y a de la place pour deux librairies adultes à Metz, autant je suis plus circonspecte sur la présence de deux spécialisées jeunesse", estime Julie Even, qui mise notamment sur son assortiment et son équipe, aux goûts et aux centres d’intérêt variés, pour toucher une large palette de clientèle. L’autre problématique réside dans la recherche d’un associé. "Si je veux garder une présence active en magasin, il faut une direction à deux têtes", précise Julie Even, qui reconnaît être "à la pêche aux idées" pour élaborer une forme d’association pérenne.


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