Avoir un enfant malade, c'est vivre avec une épée de Damoclès qui rejaillit sur tous les membres de la famille. Anne-Dauphine Julliand en sait quelque chose. Elle a perdu ses filles. Deux petits pas sur le sable (Les Arênes, 2011) relatait cette expérience dans sa chair de mère. Il s'est vendu à 500 000 exemplaires et a donné lieu à une vingtaine de traductions et à un documentaire.

Son héros, Jules-César, n'évoque en rien un grand conquérant, mais un enfant souffrant « aux lunettes et au ventre rond ». Ses multiples dialyses ne l'empêchent pas de jouer avec son frère ou ses copains, mais une greffe rénale s'impose. Dans son Sénégal natal, c'est impossible, alors direction la France. Sa mère enceinte doit rester au pays, c'est donc son père qui l'accompagne. Or cet homme semble incapable d'affronter cette réalité, d'autant qu'ils devront plonger dans la clandestinité en espérant accéder aux soins. Rosie se dévoue pour leur offrir l'hospitalité et la tendresse. L'espoir renforce les liens. Dans la veine d'Agnès Ledig, ce roman s'adresse aux adultes ou aux adolescents. Il n'a rien de larmoyanttant il tend constamment vers la vie qui anime ce garçonnet plein d'entrain. Comme l'évoque son voisin, « la vie ne se fait ni se refait. Elle se vit, ou se subit. » Une jolie leçon.