Qui dit lire "en short" a peut-être commencé par se le faire "tailler". Autrement dit, si l’on se réfère au Petit Robert, il a frôlé l’accident. C’est un rescapé. Un naufragé de la lecture auquel l’opération lancée dans toute la France par le ministère de la Culture et le Centre national du livre à destination des jeunes pendant la deuxième quinzaine de juillet va s’efforcer de redonner le goût du livre. Belle idée, beau défi.
Depuis que Jack Lang a tenté il y a trente ans, fort du succès de sa Fête de la musique, de le dupliquer dans le livre avec La Fureur de lire, le déploiement d’une initiative nationale de promotion de la lecture demeure un casse-tête. Au fil des alternances politiques, La Fureur s’est assagie et dispersée sous les labels Le Temps des livres et Lire en fête, avant de se désagréger. Le livre, dont la pratique est forcément plus solitaire et plus intime que celle de la musique, se prête moins facilement à une expression ponctuelle et spectaculaire. Dans l’oscillation entre des manifestations très concentrées dans l’espace et le temps, et d’autres plus diffuses, la formule idéale, si tant est qu’elle existe, n’a pas encore été trouvée.
D’un point de vue budgétaire, le radeau de Lire en short est, avec 500 000 euros concentrés sur la communication, bien frêle. Mais en quelques mois seulement, l’initiative est parvenue à fédérer plus de 1 200 initiatives de toutes natures. La preuve que la vitalité du livre et de la lecture repose d’abord sur leur appropriation en profondeur par les lecteurs et toutes les sortes de réseaux sociaux. Un vrai encouragement. La promesse d’un été fécond pour le livre de jeunesse. L’espoir qu’il soit soutenu par une mobilisation médiatique aussi ludique que l’événement lui-même.
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