Amélie Nothomb a reçu le prix Renaudot 2021, mercredi 3 novembre, pour son roman
Premier sang, publié chez Albin Michel. Elle succède à
Marie-Hélène Lafon, récompensée pour
Histoire du fils (Buchet-Chastel). L'écrivaine belge a reçu six voix contre deux pour Anne Berest et une voix pour Abel Quentin.
"Je suis folle de joie, incrédule de bonheur, je l'espérais tellement !", a réagi la lauréate, présente chez Drouant où a eu lieu la proclamation.
Dans ce roman, celle qu'on surnomme "la dame au chapeau" rend hommage à son père, décédé pendant le premier confinement en 2020.
"La première chose que je me suis dit quand j'ai appris que j'avais eu ce prix c'est "Papa on l'a !"
C'est trop beau", a-t-elle poursuivi. L'écrivaine prend pour point de départ un événement traumatisant de la vie du défunt pour se plonger dans ses souvenirs d'enfance. Alors qu'il est militaire et qu'il négocie la libération des otages de Stanleyville au Congo, Patrick Nothomb se retrouve confronté de près à la mort.
Grand prix du roman de l'Académie française en 1999 pour
Stupeur et Tremblements et Prix de Flore en 2007 pour
Ni d'Eve, ni d'Adam, ses deux romans les plus nippons, Amélie Nothomb n'avait pas été retenue dans la liste d'un grand prix depuis 2019.
A l'époque, toujours à la rentrée littéraire, elle avait fait partie des finalistes du Goncourt pour
Soif.
Les ventes de
Premier sang, paru le 18 août, ont déjà dépassé les 100 000 exemplaires, selon GFK, soit la meilleure vente parmi les romans de la rentrée. Si Amélie Nothom s'est dite une auteure
"heureuse et comblée", grâce notamment à la faveur de ses lecteurs, elle s'est montrée touchée par ce prix.
"La reconnaissance de ses pairs, c'est quelque chose d'irremplaçable, a-t-elle souligné.
De grands écrivains se sont regroupés et ont trouvé que mon livre était digne d'avoir le prix Renaudot, cela fait un effet énorme ! Bien évidemment que cela ne remplace pas la faveur du public mais cela s'ajoute à la faveur du public".
C'est seulement la troisième fois qu'Albin Michel reçoit ce prix, après
Les Braban de Patrick Besson en 1995 et
Assam de Gérard de Cortanze en 2002.
Renaudot EssaiAnthony Palou a été récompensé par le Renaudot essai pour
Dans ma rue y avait trois boutiques, publié aux Presses de la Cité. A travers son parcours, ce journaliste signe un témoignage sur la disparition des petits commerces locaux. Né dans le Finistère Sud au milieu des années 1960, il grandit au sein d'une famille d'immigrés espagnols, propriétaires d'une petite échoppe de fruits et légumes.
Créé en 1926, le prix Théophraste Renaudot récompense depuis 2001 un essai. Le lauréat succède à Dominique Fortier, distinguée pour
Les villes de papier: une vie d'Emily Dickinson, paru chez Grasset.
Renaudot poche
Enfin, le Renaudot poche est allé à
Olivier Rony pour sa biographie sur le comédien Louis Jouvet, paru chez Folio en janvier dernier. Il évoque son métier d'acteur et notamment ses deux rôles majeurs d'Arnolphe dans
L'école des femmes et de
Knock, sa carrière de directeur de théâtre, son jeu de comédien dans des films mythiques tels que
Drôle de drame,
Quai des Orfèvres et
Hôtel du Nord, sa place de chef de troupe ou encore sa vie de mari, père de famille et amant.
En 2020, le jury avait sacré Eric Roussel pour
Charles de Gaulle ("Tempus", Perrin).
Actuellement, le jury du Renaudot est composé de Christian Giudicelli, Frédéric Beigbeder, Dominique Bona, Patrick Besson, Georges-Olivier Châteaureynaud, Franz-Olivier Giesbert, J.M.G. Le Clézio, Stéphanie Janicot, Cécile Guilbert et Jean-Noël Pancrazi.