Chic, revoilà Roland Topor (1938-1997). Un créateur pour le moins singulier, qui fut à la fois écrivain, illustrateur, peintre et cinéaste, que l'on retrouve aujourd'hui grâce au travail de deux éditeurs, Phébus et Wombat. Chez le premier, dans la collection "Libretto", on reliera son roman le plus connu, Le locataire chimérique (Buchet-Chastel, 1964), que Roman Polanski adapta à l'écran avec le talent que l'on sait en 1976. Soit les mésaventures glaçantes de Trelkovsky, discret célibataire qui en vient à s'installer dans un deux pièces sans cuisine ni toilettes, rue des Pyrénées.
Chez Wombat, on poursuivra avec la réédition des truculents Mémoires d'un vieux con (Balland, 1984). Où l'on apprendra tout de la vie particulièrement mouvementée d'un Luxembourgeois qui a choisi la France. Un narrateur doué pour les arts plastiques qui, après que son banquier de père s'est fait sauter la cervelle, devient marmiton et groom. Avant de croiser Degas ou Toulouse-Lautrec. Pour ne citer que les premières figures apparues sur la route d'un homme dont le secret consiste à "rester compétitif" !
Toujours chez Wombat, dans la collection "Les insensés", l'excellent Vaches noires est le dernier livre composé de son vivant par Topor, mais curieusement demeuré inédit. Il s'agit là d'un recueil de textes brefs écrits sur plus d'une décennie. Attention, donc, aux vaches noires qui, dit-on, sont mauvaises et portent la poisse. Mais cela n'est pas tout puisqu'on trouvera aussi ici une réflexion sur les facteurs et sur le temps. Un homme qui n'a pas peur des ascenseurs, mais que les escaliers angoissent. Un grand phallus à deux pattes devenu le "spécialiste mondialement reconnu des orifices, le Maître des Trous", ou encore une crème brûlée divine dont on en sort pas indemne... Du grand Topor.