"Un jardin est un endroit où un homme cultive des arbres, des buissons, des fleurs et des légumes par besoin et par plaisir. Le jardin ressemble à celui qui l'a conçu. Il reflète ses aspirations, ses compétences, ses folies, ses vertus." Umberto Pasti sait de quoi il parle. Depuis belle lurette, le Milanais veille sur ses deux jardins de Tanger.

Son délicieux ouvrage, illustré par Pierre Le Tan avec l'élégance qu'on lui connaît, s'adresse au "cher débutant" sur le point de se lancer. Celui-ci apprendra l'importance du coup d'oeil, la nécessité de prendre des risques. Que le hasard n'existe pas, que le but de tout jardinier digne de ce nom devrait être de "reconstituer un coin du monde en fleurs".

Grâce à un Umberto Pasti maniant avec autant d'aisance l'érudition, la vacherie et l'humour, le néophyte assiste à une visite "des fritillaires en pot". Saisi la différence entre le "jardin porno", le "jardin de dame" et le "jardin de milliardaire" ! "Il n'y a pas de jardinier au monde qui, en vous montrant son jardin, ne répète jusqu'à la nausée qu'il a été cent fois, mille fois plus beau et plus fleuri voilà un mois, une semaine ou même encore la veille de votre visite, sous-entendant qu'il redeviendra tel quel quand se sera écoulé le même laps de temps après votre passage", affirme notre guide.

Jardins, les vrais et les autres s'interroge sur l'engouement des nouveaux riches pour la pelouse et dévoile la tendresse de l'auteur pour les modestes plates-bandes du "jardin de pompiste". Un esthète pour qui ronds-points et sens giratoires sont "une maladie incurable, une épidémie". Laissons-lui le mot de la fin : "Le seul conseil qu'après deux décennies de jardinage je me sens de donner au débutant est le suivant : réfléchissez longtemps avant d'éliminer la moindre forme de vie végétale de l'endroit où vous allez planter votre jardin. Ce qu'on appelle "les mauvaises herbes" n'existe pas." Dont acte !