Édito par Fabrice Piault, rédacteur en chef

Photo PHOTO OLIVIER DION

Dans un contexte économique toujours languissant, et un contexte politique et social que l’on sait, c’est peu dire que l’embellie dont ont bénéficié les ventes de livres en 2015 a surpris. Du Monde à France 2 en passant par Les Echos et de multiples quotidiens, magazines, antennes de radio ou de télévision, sites d’information en ligne, journalistes et observateurs se sont interrogés sur le petit miracle qui touche le marché du livre après cinq années passées au-dessous de la ligne de flottaison.

La conjoncture économique, un peu moins sombre, a joué son rôle. Il en faut peu pour que le livre, qui reste, on ne le répétera jamais assez, un produit accessible et bon marché, retrouve sa place dans les foyers. Surtout, le calendrier éditorial, qui a vu se succéder au fil des mois à un rythme quasi métronomique les locomotives prévisibles ou inattendues, avec dès janvier un Houellebecq qui a lancé d’emblée le train du livre à pleine vitesse, a assuré aux librairies un flux continu de clients.

Le secteur semble avoir retenu la leçon et s’efforce à nouveau en 2016 de répartir ses "blockbusters", du moins ceux qu’il est en mesure d’anticiper, tout au long de l’année plutôt que de les concentrer sur les tout derniers mois. Il y en aura, dès cet hiver, pour tous les goûts, avec le pape ou Anna Todd, Fabrice Luchini et David Foenkinos, sans oublier les classiques Levy et Musso. Même l’édition de bande dessinée, qui concentre généralement sur le dernier quadrimestre la quasi-totalité des 30 à 35 titres qu’elle tire chaque année à plus de 100 000 exemplaires, a programmé cette fois un XIII, avec le troisième volume de L’Arabe du futur, avant l’été.

Cette approche accompagne, en littérature et en bande dessinée notamment, une plus grande maîtrise du volume de la production, un recentrage qualitatif également salutaire. Au-delà, il faut compter sur les belles surprises, ces succès non programmés qui font tout le sel des métiers du livre. Comme le rappelle d’ailleurs François Guérif dans l’interview qu’il nous a accordée, le décollage de la collection "Rivages/Noir", qu’il a fondée et dirigée pendant trente ans, repose essentiellement sur la découverte de James Ellroy, alors refusé par tous ses éditeurs. Un "miracle".

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