11 OCTOBRE - BEAU LIVRE France

Les chauffeurs du pays d'Alost.- Photo PETIT ILLUSTRÉ/ALBIN MICHEL

Sous le second Empire paraît le premier "journal à un sou", ancêtre de la presse populaire qui mêle politique, affaires de moeurs et faits divers : Le Petit Journal. Facile à lire et bon marché, cette feuille de chou typographique et imprimée à l'encre noire créée en 1863 par Moïse Polydore Millaud va connaître en six ans un incroyable succès : 340 000 exemplaires. A la mort de Millaud en 1871, l'affaire est reprise, et s'accroît grâce à des rotatives plus performantes et un procédé d'impression en couleur, la "machine chromotypographique" d'un certain Marinoni. Le Petit Journal avec ses unes vivantes devient le premier quotidien français qui "dépasse le tirage mythique du million d'exemplaires", souligne Bruno Fuligni dans son introduction aux Frasques de la Belle Epoque, >un beau livre réunissant sa collection personnelle des suppléments illustrés du Petit Journal. Ce spécialiste des archives de la police - il a dirigé Dans les secrets de la police. Quatre siècles d'histoire, de crimes et de faits divers (L'Iconoclaste, 2008) - analyse ces gravures qui augurent la prééminence de l'image dans l'information. Dessin "sur le vif" d'"un petit homme rond foudroyé par une élégante sylphide", c'est le directeur du Figaro assassiné, dans un supplément de 1914. Crime sordide : les chauffeurs du pays d'Alost arrosent d'essence avant de les enflammer les paysans qui refusent d'indiquer où se trouve leur magot ; indiscrétion people : le nouveau roi d'Angleterre Edouard VII vient à Paris sceller l'Entente cordiale et en profite pour faire un tour au bordel, les programmes officiels nomment l'escapade libertine "Visite au président du Sénat". Les marronniers ne datent pas d'hier et le sensationnel fait toujours recette.

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